14/08/2001 - Babel Master
Un euro pas très franc
Un petit « conte » d'apothicaire
Mis à part les rescapés dun enlèvement par des extra-terrestres et les villégiataires de retour dune retraite de 10 ans en Papouasie, il nest pas un européen qui nait entendu parler de lEuro. Dans cette dernière ligne droite, à quelques mois du lancement officiel de la nouvelle monnaie unique, les autorités commencent à sinquiéter du faible taux de sociétés déjà converties à cette monnaie scripturale en attendant la disponibilité de son équivalent fiduciaire.
Il serait déjà judicieux de sinterroger sur la légitimité du terme unique, sagissant dune monnaie déployée en non moins de 7 billets et 8 pièces de valeurs distinctes, ces dernières étant par ailleurs déclinées en autant de variantes que de pays participants.
Tout en souriant au plaisir denrichir notre vocabulaire de si jolis nouveaux mots, nous en oublions leffet le plus pervers, à savoir, la disparition de celui particulièrement cher à notre culture française: le Franc !
Car si lon prend au pied de la lettre linjonction qui nous est faite de remplacer toute occurrence du vocable franc par celui deuro, nous serons inévitablement confrontés à un véritable cataclysme culturel.
Pour commencer, si les Belges, Suisses et Canadiens ont la chance de conserver leur nationalité, les Français devront-ils sexpatrier virtuellement vers lEuroce pour y devenir des Eurolais ? Et ce peuple si vif desprit risque-t-il de perdre son euro-parler ?
Nous serons également surpris dapprendre que Mérovingiens et Carolingiens nétaient en fait que des Euros et leur redoutable hache à 2 lames, une vulgaire Eurocisque. Oserez-vous avouer que vous habitez lEuroche-Comté et que lors de votre dernier match de football, vous navez pu marquer sur un coup-euro qui eu été salvateur ?
Vous naviez pas vraiment réalisé tout cela ? Maintenant, votre Euro est tombé ? Que vont devenir les Francofolies, le tour de France, le Francophonissime, les francs-tireurs, la franc-maçonnerie, les livraisons franco de port, les frères franciscains, Anatole France... ?
Effrayant ! Serons-nous capables deurochir ce cap si délicat, où le commerçant suisse devra rendre la monnaie sur octante-trois euros soixante-dix-sept eurocents à un Belge ne disposant que de nonante-dix franc zéro centime et dont lépouse, française, lui demandera combien cela fait en anciens Francs.
Eurochement, ces déconvenues nétaient certes pas prévues au programme et devant ce complot monétaire international, on ne peut que sindigner : Pas très Franc, cet Euro !
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