23/05/1999 - Maxime Prat
Pluton 2077

Date : début 1997

Préface :

Les références : Alien, et les films de science fiction en général.

Introduction :

Cette histoire est tirée de l'imagination fertile de mon esprit torturé... Le héros, c'est Max le commandeur de la base scientifique expérimentale basée sur Pluton.

Chapitre unique :

Août 2077, base expérimentale de Pluton. Le ciel est noir depuis 3 jours, il y a une panne dans le simulateur d'environnement. Personne ne sait d'où cela vient, les experts passent inlassablement en revue tout le matériel pour trouver le problème... avec un peu (ou plutôt beaucoup) de chance, ils trouveront avant le mois prochain. Ce ciel oppressant a installé depuis deux jours une ambiance déprimante dans la communauté. Les habitants ont beau être des scientifiques de qualité, ils n'en restent pas moins que des hommes sensibles à leur environnement. Aujourd'hui les psychiatres ont été débordés. Je me demande ce qui va se passer si l'obscurité persiste... n'y aura-t-il pas une vague de dépression, avec des suicides peut-être... qui fera tourner la base si un nombre trop important des habitants est touché par cette dépression nerveuse qui semble toucher toutes les classes ?

La voix de son ordinateur me tire de mes pensées noires pour me ramener dans une réalité moins désastreuse :

-Ohhh! Il y a un message dans la bac.

Ce sont les nouvelles quotidiennes sur l'état des recherches. Les logiciels de recherche en perdent leur latin, ils persistent à dire qu'il n'y aucun problème. Les électroniciens explorent tous les circuits un à un, toujours rien... autant chercher une aiguille dans une botte de foin, une année entière ne suffirait pas à explorer le système de cette façon là. il n'y a pourtant aucune autre solution : il faudrait attendre 10 ans pour recevoir un simulateur neuf. Je jure intérieurement contre les technocrates terrestres qui n'ont pas voulu accorder les crédits pour la construction d'un système de secours à la création de la base il y a 50 ans, se basant sur le caractère infaillible de la technologie de l'époque. Avec un soupir, j'ouvre un nouveau formulaire de message pour faire mon rapport quotidien aux responsables terrestres de la mission.

-Ohhh! il y a un message dans la bac.

Un communiqué de la police locale. Un chercheur en génétique a été retrouvé pendu chez lui. Une manifestation s'est organisée dans la salle du conseil administratif. A la tête de la manifestation, un informaticien mystique qui dit avoir été contacté par le grand Dieu intergalactique, il semble avoir fondé une secte comme il en existe sur Terre. Il ordonne à tous les habitants d'arrêter de manger de la viande et de faire au moins trois heures de méditation la tête en bas par jour.

Que faire ? C'est la première fois que ce genre d'événement a lieu, je n'ai pas été préparé pour y faire face... Pourvu que tout cela ne dégénère pas. Je me rends compte maintenant combien une société humaine est vulnérable. Une petite perturbation dans un monde réglé comme une horloge et c'est la fin de l'ordre, l'apparition du chaos. Peut-être le début d'une immense catastrophe dont personne ne peut prédire l'ampleur.

23 h. Avec ce ciel noir immuable, je ne me suis pas aperçu du temps qui a passé. Il est temps d'aller dormir, je ne trouverai rien à faire dans l'état de lassitude dans lequel je me trouve. D'ailleurs y a-t-il quelque chose à faire pour le moment ? Je ne peux que subir les événements incompréhensibles qui s'abattent sur la base.

4 heure du matin.
-"Drrrrrriiiiinnnnggg"
Le téléphone d'urgence. je me lève et décroche avec appréhension. C'est la deuxième fois que ce téléphone sonne, la première fois c'était le jour de mon arrivée... une blague de mes anciens collègues devenus mes subordonnés. mais cette fois, il y a fort à parier que ce n'est pas une blague.
- Allô ?
- Ici le directeur de la sécurité, une bombe a explosé dans le département de recherche génétique. Je crois qu'il faut que vous veniez rapidement.
- J'arrive tout de suite.

Quand j'arrive sur les lieux, il n'y a plus personne. Rien ne bouge, un silence de mort plane sur le laboratoire. La bombe a explosé dans le quartier de haute sécurité, seul un responsable haut placé a pu la mettre en place...
- Il y a quelqu'un ?
Pas de réponse
- Hello ?
J'entends un grognement sourd derrière moi, je me retourne rapidement et écarquille les yeux d'horreur avant de me voir projeté avec violence contre le mur. Je perds connaissance.
BIP BIP BIP
Le pager sonne... mal au crâne. Que s'est-il passé au juste ? Ah oui, la bombe, le labo désert... et puis quoi ? Je suis sûr d'avoir vu quelque chose de plus, mais quoi ?
BIP BIP BIP
Max appuie sur la touche d'arrêt et lit le message :

Ø_ø_Ø¿_¥_

- Et un bug de plus, les emmerdes continuent !
J'attrape le téléphone. On dirait que la base est déserte, personne à mon bureau, personne au service de sécurité, personne chez moi ni chez mes amis. Tout cela ne sent pas bon, il y a un problème quelque part. Je retourne à mon bureau... désert. Bizarre, quand il n'y a plus de papier dans les chiottes l'ordinateur met toute la base en état d'alerte et quand une bombe explose, rien ? pas normal ça...
Je m'installe derrière mon ordinateur et commence à fouiller les archives de la base... d'instinct je commence par les archives du laboratoire de génétique. Après plusieurs heures de recherches infructueuses, je tombe sur un rapport étrange :

1er juillet 2077 :
Je crois avoir trouvé une nouvelle forme de vie sur Pluton. Une sorte d'oeuf découvert incrusté dans une roche. Je préfère garder le silence jusqu'à ce que je sois sûr de moi.

10 Juillet 2077 :
Je suis maintenant sûr d'avoir découvert une nouvelle forme de vie. Je ne parviens pourtant pas à me décider à publier ma découverte, j'ai l'impression d'en être empêché par une force inconnue.

15 Juillet 2077 :
L'oeuf grossit de jours en jours. Je crois que je deviens fou, je suis incapable de dévoiler ma découverte.

25 Juillet 2077 :
L'oeuf a encore grossi. Je ne crois pas que cette forme de vie soit importante, inutile de la dévoiler. J'ai décidé de mettre un terme à mes recherches.

10 août 2077 :
Je suis fou. Je viens de me souvenir de cet oeuf. Comment ai-je pu le laisser ainsi sans surveillance ? Il est maintenant énorme, je crois qu'il va exploser dans quelques heures. Je n'arrive pas à trouver le courage d'informer la sécurité. Je crois qu'il vaut mieux pour tout le monde que je disparaisse.

Je reste rêveur. Nous sommes le 11 août, il est 10 heures du matin. Si ce rapport est sérieux, il va falloir jouer les chasseurs de fantôme. Je me dirige vers le placard et en sorts une boîte : un pistolet laser modèle 2060. Arme prohibée bien sûr... finalement enfreindre le règlement peut s'avérer utile.

La première chose à faire, c'est trouver des renforts... la base ne peut pas être complètement vide, on ne fait pas disparaître en un instant 100000 personnes. Allons d'abord voir du côté de la secte, si ça se trouve ces cinglés ont enfermé tout le monde.
Le centre ville semble désert... pourtant il y à peine 5 heures c'était le lieux le plus dense en population humaine depuis que la secte y avait élu domicile. Un rayon de lumière attire mon attention... ça vient de la réplique de l'empire state building qui forme le centre de la base. Ca ressemble à un reflet dans un paire de jumelles. J'arme mon pistolet laser et je m'apprête à rentrer dans l'immeuble. Enfin une présence... enfin un signe de présence : j'entends distinctement des bruits de course dans les couloirs. J'étais bien surveillé. L'ascenseur est en panne, je prends donc les escaliers qui mènent au sous sol. Une odeur nauséabonde se dégage du sous sol. Je pousse la porte et je découvre une vision de cauchemar : on dirait que tous les habitants de la base sont stockés là, englués dans une espèce de morve verdâtre en état de décomposition avancée. Ca et là je reconnais des collègues, des amis... je remonte précipitamment pour ne pas mêler quelques uns de mes fluides corporels à cette bouillie suffisamment infâme comme ça.

Il doit bien y avoir quelque part quelqu'un en vie... j'ai bien entendu des pas tout à l'heure, je ne suis pas fou... enfin je crois. Le coeur informatique de la base se trouve au sommet de l'immeuble. J'entreprends de gravir cette montagne de marches. Arrivé en haut, j'entends des bruits de voix. Je tends l'oreille et je sursaute : c'est ma propre voix que j'entends. Je m'approche de cette voix pour distinguer son propriétaire quand soudain une cage me tombe dessus. Ma voix s'adresse alors à moi :

- Salut Max, la vie est belle ? Jette ton arme, tu sais bien qu'il est interdit de posséder ce genre de jouet.
- Qui êtes-vous ?
- Qui je suis ? Mais je suis toi.
- Je peux être à peu près qui je veux, il suffit de demander. Reprend mon interlocuteur invisible avec la voix de mon adjoint.
- Montrez vous !
- Jette d'abord ton arme. Dit à nouveau ma voix.
J'obtempère et lance mon pistolet à travers la cage... pas trop loin cependant. Un être apparaît alors : il s'agit du Gourou de la secte... mais pas seulement. Des tentacules sortent de ses oreilles et de sa bouche. La cage qui me retenait prisonnier disparaît comme par enchantement...
- Mais qui êtes-vous, et que voulez-vous ?
- Qui je suis ? Cela n'a pas beaucoup d'importance. Ce que je veux c'est de l'énergie pour repartir. Pour cela il me faut ton accord. Je ne peux pas pénétrer dans ton esprit, tu sembles être radioactif.
Radioactif, il déraille l'Alien je ne suis pas radioactif... encore que... cela pourrait-il venir de la radiothérapie ? Mais ça fait si longtemps...
- Mon accord ? vous voulez que je vous laisse partir alors que vous avez exterminé tous les membres de la base ?
- Pourquoi pas ? De toute façon, tu n'as pas vraiment le choix.
Mieux vaut obéir pour le moment, il est vrai que je ne suis pas en position de force...
- Ok. Je veux bien vous aider... mais il faut me dire où est votre vaisseau et me donner...
- Ahahahahahah mon vaisseau ? Quel vaisseau... il me faut juste de l'énergie pure pour recharger mon corps principal... il est déjà en place au centre de la salle des ordinateurs.

Je me dirige vers le terminal le plus proche et observe la carte de l'étage. Il y a effectivement un objet chaud et massif à 30 mètres d'ici au coeur fonctionnel de la base. Je ferme la fenêtre et rentre dans le système de commande.
- Le coup du simulateur, c'est vous ? Comment avez-vous fait ? Vous étiez encore dans votre oeuf.
- Imbécile, ton cerveau est trop minable pour imaginer l'étendue de mes pouvoirs... ton système informatique est vraiment trop primaire, je peux le contrôler rien que par la pensée. Dans mon oeuf comme tu dis j'ai appris à le maîtriser parfaitement. La panne du simulateur était un test de fin d'étude en quelque sorte.
- Trop primaire ce système ? Alors pourquoi as-tu besoin de moi pour trouver de l'énergie ?
- Tais-toi !!! C'est le seul point négatif. Avec un peu plus de temps je pourrais me passer de toi.
Un peu plus de temps ? Il est donc pressé... c'est toujours bon à savoir. Mais pour l'instant, cette information m'est totalement inutile. Il faut que je trouve le moyen de retourner à mon bureau.
- Il me faut une clef qui se trouve dans mon bureau. Je dois retourner là bas.
- Dis moi où elle se trouve, je n'ai pas confiance.
- Impossible, elle est dans mon coffre qui ne s'ouvre qu'avec mes empreintes digitales.
- Allons-y, je t'accompagne.

Le trajet fut pénible... j'avais la nausée en entendant le bruit gluant des tentacules absurdes qui battaient l'air stupidement. Arrivé au bureau, je me dirige vers le coffre fort. Au passage j'attrape discrètement le coupe papier qui traîne sur la table. Au moment où l'alien ne me regarde pas, je passe à l'action : je frappe au visage avec le coupe papier. Les tentacules volent dans la pièce, et c'est un corps sans visage qui tombe à terre au bout de 5 minutes de boucherie. Je me dirige vers mon ordinateur et enclenche le processus d'autodestruction de la base.

Il faut partir maintenant. Je ne sais pas si j'aurai le temps d'atteindre ma capsule d'hibernation à l'autre bout de la ville. Sans plus attendre je fonce vers ma voiture et me dirige vers le centre d'évacuation d'urgence. Arrivé dans le centre ville, je me retrouve bloqué par des êtres gluants à dominante verdâtre : ce sont les personnes que j'ai vu au sous sol de l'empire state building. Pas question d'arrêter, je fonce dans le tas. Les corps sont complètement pourris, ils s'écrasent sur mon pare brise en une tache verte et rouge... plus d'os, plus de cartilage juste de la bouillie nauséabonde.

J'arrive enfin à destination... devant l'entrée du centre un autre tas de bouillie que je reconnais : ma femme... qui malgré ce maquillage disgracieux et quelques déformations dues à la fermentation reste éperdument belle. Elle ne semble pas vouloir partir, et derrière moi d'autres crachats sur patte se rapprochent... j'accélère en fermant les yeux et en criant à plein poumons.

- NOOOOOOONNNNNNNN !!!!
- SBLEURCHHHHH

Je quitte ma voiture les larmes aux yeux et rentre dans le centre. Je referme la porte derrière moi. Sous mes pieds le sol commence à trembler, la planète va bientôt exploser. Je pénètre dans la capsule, rentre mes coordonnées dans l'ordinateur de bord. Durée d'hibernation ? Qu'est-ce que j'en sais... c'est une question stupide ça... pas le temps de réfléchir, je tape au hasard 775687 ans ça laisse le temps de voir venir. J'appuie sur le bouton de largage de la capsule. Et c'est dans un vacarme assourdissant que la capsule décolle vers le cosmos... j'ai encore le temps de voir les prémices de l'explosion avant de sentir mes yeux se fermer...

Fin


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