25/11/1998 - Maxime Prat
Born To Die (Né pour mourir)

Préface :

De nos jours il est très dur d'être une canette de Pepsi Max sans sucre... Vous rendez-vous compte de l'effort qu'il faut produire chaque jour pour rester en vie ? C'est cela qui ma marqué chez ces gentilles canettes : leur courage ! C'est pourquoi j'ai envie de vous raconter une petite anecdote sur l'une d'entre elles. Cette canette qui était mon amie se nommait : "Kcalorine". Il faut savoir que malgré leur fragilité intérieure, elles sont très robustes : faites de métal, elles peuvent résister au temps, ce qui est tout de même un avantage certain. Ainsi, en règle générale, on dit d'elles qu'elles sont immortelles. Malheureusement, depuis la naissance de l'homme, les canettes ont du souci à se faire : l'homme est devenu le plus terrible de ses prédateurs ! Aujourd'hui, la race des canettes de Pepsi Max sans sucre craint moins l'homme qu'autrefois car celui-ci apprécie de plus en plus la famille des Coca-Cola sans bulles.

Bref, passons. Cette histoire est basée sur des faits réels puisqu'elle m'est arrivée !

Chapitre 1 :

L'homme était assis devant son écran télévisé, il divaguait au son de cette étrange machine qu'il vénérait chaque jour. Devant lui, lui servant de nourriture, on pouvait trouver sur la table diverses boites de gâteaux apéritifs presque toutes consommées. A leur côté, on pouvait distinguer une canette de Pepsi pas encore entamée.
L'homme fumait une cigarette Winston et rigolait à la vue des images animées qui sortait de son téléviseur. On y passait un concert live et unplugged de Pearl Jam (un groupe de musique qu'il appréciait beaucoup). L'homme semblait dans un état second, il pensait à Puck et ses balles slicées, puis aux serpents qui devaient être cachés dans le placard sur sa gauche. Tout ceci provenait évidement de la drogue qu'il avait pu fumer auparavant. Elle lui donnait un sentiment de bien être qu'il appréciait énormément.
Pris par la musique entraînante, sa tête se mit à tourner, il ne percevait plus qu'un amas de lumières et des sons étranges. Il se sentit légèrement partir sur le côté et ses mains se mirent à trembler à la vue du sol qui se rapprochait de son visage, pâle. L'homme se mit à rire se disant qu'il avait peut-être abusé de la drogue. Sa bouche devint pâteuse (peut-être était-ce seulement une impression), il lui fallait boire. Il se souvint qu'il avait laissé sur la table sa canette de Pepsi sans sucre que l'on appelait Max. Essayant de se relever comme il pouvait, il saisit brusquement la canette et d'un geste violent l'approcha de sa bouche. Il se mit à boire mais rien ne se passa. L'homme dans son délire avait oublié qu'elle n'était pas encore ouverte. Dans un élan délirant, il se mit à lui parler et lui dit :
   "T'aurais quand même pu me prévenir !"
Il rigolait de plus belle en pensant qu'il était en train de parler à une canette de Pepsi. Mais soudain ses rires furent interrompus par une voix qui semblait venir de nulle part (il faut savoir qu'il était seul dans la pièce).
   "Ben c'est pas de ma faute si t'es complètement raide, vieux ! dit cette voix.
   "Qui est là ? demanda l'homme presque machinalement.
   "C'est moi, Kcalorine.
   "Qui es-tu toi d'abord ?
   "Ben je suis la canette."
L'homme jeta un coup d’œil à sa canette qu'il ne percevait que très légèrement, ses yeux étant à demi clos.
   "Ah ben ça c'est la meilleure, dit l'homme amusé par ce qu'il voyait."
La canette bougeait dans ses mains. Elle semblait se débattre comme si elle voulait s'enfuir.
  "Olala, ch'uis carrément raide !!!
  "Ben tu m'étonnes, avec tout ce que tu as fumé y'en a plus d'un qui serait à l'hosto ! ricana la petite voix.
   "Putain, c'est clair, demain j’arrête! soupira l'homme. Qu'est-ce que tu fous là à me parler?
   "T'es marrant toi, j'ai pas envie de crever!
   "Comment ça? questionna l'homme qui ne comprenait plus tout à fait ce qu'il se passait.
   "C'est tout simple, t'avais l'intention de me boire et je compte pas me laisser faire!
   "Mais c'est tout à fait normal que je te boive! t'es là pour ça quand même!
   "Comment ça c'est normal ?! J'ai envie de vivre encore un peu!!! cria Kcalorine."
L'homme presque effrayé par le ton qu'avait pris Kcalorine, posa la canette sur le coin de la table et se mit à se frotter les yeux se disant qu'il aurait mieux fait de sortir ce soir là avec ses copains en ville.


Chapitre 2 :

C'était une belle soirée d'été, le ciel était dégagé, la température approchait les 25°c et il était seul chez lui, ce qui était assez rare. Kcalorine avait un plan : elle savait que l'homme n'était pas dans son état normal et qu'il avait un petit peu peur d'elle.
   "Ecoutes vieux..., t'es là?
   "Oui je suis là, répondit l'homme qui était toujours caché derrière ses mains.
   "Bon toi tu commence à flipper parce que t'es raide et que tu parles à une canette. Moi j'ai pas envie que tu m'engloutisses dans le fond de tes entrailles. Je te propose un marché : Tu me bois pas et j’arrête de te parler comme ça tout le monde est content. Tu n'auras plus à te faire du souci et tu te diras que t'avais juste un peu abusé sur le cannabis.
   "euh...
L'homme se mit à réfléchir. Il avait peur : il n'arrivait plus à faire la différence entre la fiction et la réalité. Relevant la tête mais ne regardant pas la canette il répondit :
   "Oui, je suis d'accord..."
Il repris la canette en la tenant le plus éloigné de lui puis la déposa au-dessus de la télé. Ensuite, il prit le chemin de la cuisine et rapporta une bouteille de whisky que ses parents avaient laissé traîner. Il titubait légèrement, la drogue et l'alcool qu'il avait ingurgité en était la conséquence.
   "Ah... un bon petit whisky me remettra les idées en place!"
Il s'assit devant sa télé, puis le verre plein à la main repris son trip musical qu'il avait laissé tombé le temps de sa discussion avec Kcalorine. Les minutes passèrent, les joints et les verres d'alcools aussi, puis pris par une sorte de curiosité, il leva les yeux vers la canette de Pepsi Max sans sucre.
   "Kcalorine... t'es toujours là?"
Aucune réponse.
   "Kcalorine?"
Toujours rien.
   "Effectivement je suis raide", se dit l'homme le regard vide.
Mais la curiosité se fit de plus en plus grande, il ne pouvait tout de même pas avoir rêvé tout ça! Pire encore, il ne pensait pas que l'alcool ou le cannabis pouvait lui faire cet effet là!
   "Kcalorine, je t'en prie parle-moi!
   "Je t'ai dis que Puck faisait des balles slicées?"
Cette phrase eue un étrange effet : la canette se mit à bouger de nouveau.


Chapitre 3 :

   "Enfin!... Excuses moi mais j'avais vraiment envie de te parler.
   "Qu'y a-t-il?
   "Rien, je voudrais être ton ami... ne t'inquiète pas : je ne te boirai pas.
   "J’espère bien! Je veux bien te donner une chance d'être mon ami, tu ne semble pas méchant et à vrai dire, tu me plais bien.
   "Merci, je te promets que je ne te ferai rien... juste envie de te connaître."
L'homme semblait vraiment heureux d'entendre de nouveau la voix de Kcalorine. La drogue le rendait plutôt gentil, il était doux et affectueux. Tous deux discutèrent très longtemps, ils partageaient les même goûts musicaux, ce qui faisait rire l'homme : il n'aurait jamais imaginer qu'une vulgaire canette de Pepsi pouvait entendre et même apprécier la musique. Tous les sujets qu'ils abordaient n'étaient que source de plaisir mutuel, ils étaient identiques dans le fond. Kcalorine expliquait à l'homme que tous les jours elle avait peur d'être bue. Du jour où elle était née au fin fond d'une grande usine au jour où elle se retrouva dans une grande surface (là où l'homme l'avait choisie parmi d'autres).
Elle lui expliqua que certaines canettes avaient tellement peur qu'elles s'auto-battaient pour ne pas être attirante et ainsi elles était sur de ne pas être choisies. Kcalorine n'avait pas opté pour cette option : cela faisait très mal et elle ne se sentait pas capable de le faire. L'homme quant à lui expliqua que les canettes de Pepsi n'étaient pour les hommes qu'une boisson et que tous ignorent qu'elles pouvaient être vivantes.

Kcalorine lui parla aussi de la famille des Coca-Cola sans bulles, ces deux variétés étaient rivales depuis la nuit des temps. Elles se battaient sans arrêt, une lutte presque vaine puisque tous les jours dans les usines sortaient de nouvelles ennemies. L'homme était triste, il n'aurait jamais imaginé qu'une canette pouvait avoir des sentiments. Il passa ces cassettes vidéo musicales favorites : Led Zeppelin, Hendrix, Steve Ray Vaughan, de nouveau Pearl Jam. Il partagea le cannabis et le whisky avec Kcalorine, elle appréciait ça aussi! Il finirent la soirée raides comme des cochons, ils rigolaient ensemble pour des broutilles. Puis tous deux s'endormirent sur le sofa, serrés l'un contre l'autre... ils partageaient tout ou presque tout.

Dans ses rêves l'homme repensait à cette soirée, elle avait été formidable. Il ne regrettait aucunement de ne pas être sorti avec ses amis : ils n'auraient fait que rabâcher les même choses toute la soirée, ils auraient bu puis se seraient engueulés comme toujours. Il n’espérait qu'une chose : c'est qu'il reverrait encore Kcalorine quand il se réveillerait, lui parler, c'est tout ce qu'il voulait, lui parler.

Kcalorine, elle, rêvait de ses amies les canettes de Pepsi Max sans sucre, elle était triste à l'idée qu'elles seraient toutes bues... elle versa une larme dans son sommeil. Mais elle savait bien que c'était leur destin : elles naissent pour mourir. Elle n'y pensa plus et tout comme l'homme elle repensait à cette soirée, c'était presque un miracle qu'un homme et une canette puissent communiquer... Elle avait eu peur toute la soirée, peur d'être bue. Mais elle avait aussi honte d'avoir peur : l'homme était si gentil, comment ne pas lui accorder toute la confiance qu'il mérite?


Chapitre 4 :

Vers midi, l'homme se réveilla, fatigué et un peu courbaturé... une grosse gueule de bois en somme. Il lui fallut un bon quart d'heure pour reprendre ses esprits... Ce laps de temps écoulé, il se souvint de Kcalorine et brusquement se retourna vers la canette qui était toujours à côté de lui. Gentiment et calmement il posa sa main droite sur la canette et chuchota :
   "Kcalorine... Kcalorine... réveille toi..."
Mais pas un son ne sortit de la canette. L'homme insista :
   "Kcalorine... réveille toi, ça n'est que moi!"
Toujours rien. L'homme pris peur se demandant ce qui se passait. Dans sa tête tout allait très vite, d'un côté il ne comprenait pas pourquoi elle ne voulait pas lui répondre et d'un autre il se disait qu'il était vraiment trop stupide pour croire qu'une canette pouvait parler. Il se souvenait tout à fait de la veille au soir mais il se disait que c'était certainement l'alcool qui l'avait fait halluciner. Mais pour mettre fin à ses craintes, la canette se mit à bouger lentement (un peu à la façon d'un homme qui se réveille un lendemain de cuite). L'homme soulagé regarda fixement la canette et l'embrassa.
   "Bonjour Kcalorine, bien dormi?
   "Arf, ça peut aller... pas trop cuite ce matin."
L'homme sourit, elle avait le même vocabulaire que lui...

Ensuite tout se passa comme tous les deux l'auraient voulu : l'homme rangea la canette dans sa chambre, à côté de son lit et prévint ses parents qu'il ne fallait la boire en aucun cas. Ils étaient heureux, chaque jour, l'homme s'enfermait dans sa chambre et mettait un petit peu de musique en fond sonore pour que personne ne puisse entendre ce qu'il se passait à l'intérieur. Kcalorine venait s’installer aux côtés de l'homme et se mettait à discuter comme n'importe qu'elle humain. Mais aux yeux de l'homme elle était bien plus qu'une canette : c'était sa meilleure amie.

Un jour Kcalorine eut une idée : elle proposa à l'homme d'acheter des canettes de Pepsi Max sans sucre et de les ranger dans sa chambre afin de sauver le plus possible de ses amies. L'homme n'hésita pas une seconde et commença une collection de canettes de Pepsi. Ses parents se demandaient ce qui pouvait bien lui passer par la tête, mais n'y firent pas très attention. Plus tard quand l'homme aura sa propre maison il essayera dans acheter le plus possible.
En attendant, tout les week-ends, il organisait avec ses nouvelles amies de grandes fêtes avec beaucoup de whisky et de cannabis en échange de quoi elles lui rendaient des petits services : pendant son absence, elles lui rangeaient sa chambre, parfois même, elles lui faisaient ses devoirs (elles étaient très intelligentes, en tout cas beaucoup plus que l'homme). Un soir l'homme les prit toutes dans ses bras ou autour de lui (il commençait à en avoir beaucoup) et leur murmura ces quelques mots :
   "Je vous aime toutes, vous êtes mes meilleures amies!"


FIN

A. Nonyme

(L'auteur véritable n'a pas voulu endosser la paternité de cette histoire... les remarques éventuelles iront donc à celui qui a reprit le thème).


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