28/01/2002 - Babel Master
Chapitre 2 - Une petite visite s'impose

La “Total Trash Company” déployait fièrement ses bâtiments en plein centre-ville. Heureusement qu’ils n’avaient pas cédé à la mode “architecturale figurative” qui faisait des ravages depuis près de dix ans.

Ayant donc évité le mauvais goût de construire un bâtiment en forme de poubelle, ils avaient opté pour la rénovation d’un ancien hôtel de luxe qui, planté au beau milieu de constructions contemporaines de styles outrancièrement variés, apparaissait comme un anachronisme noyé dans l’incongruité. En m’approchant de l’entrée, j’eus la singulière impression de remonter le temps d’environ deux siècles, sentiment qui fut loin de se dissiper une fois atteint le hall d’entrée. Immense, tant en profondeur qu’en hauteur, il arrivait cependant à écraser le visiteur sous le poids du marbre qui recouvrait les murs et le sol.
Derrière un immense bureau en bois massif, une hôtesse attendait que je m’approche, ce que je tardais à faire, fasciné par le spectacle de cette débauche de matériaux nobles et introuvables de nos jours. Pas un bout de plastique, ni de KevLon, de plastometal ou de fibrocarbon, ce qui me faisait penser, idée insolite, au poids total que pouvait accuser ce vestige de l’architecture du XIXe siècle.

Je me décidais enfin à me présenter à l’accueil, qui fut chaleureux, soit dit en passant. La charmante demoiselle connaissait mon nom, le but de ma visite ainsi que le nom de la personne que je venais voir. Impossible de mettre cela à l’actif d’un quelconque don divinatoire, bien entendu, puisque j’avais pris rendez-vous le matin même. Ils étaient tout simplement très bien organisés et très professionnels, comme j’en avais déjà eu l’impression par leur brochure.

Une autre hôtesse apparut dans un halo lumineux bleuté lorsque s’ouvrit la porte de l’ascenseur qui venait de la déposer. Ici, le visiteur ne pouvait que se sentir en confiance, en ce lieu où tout n’était que ordre, beauté, luxe, calme et volupté... Je les soupçonnais d’avoir diffusé une essence euphorisante qui accentuait le sentiment de sérénité provoqué par cet environnement visuel. Cela se faisait de plus en plus, même si les associations de défense des consommateurs luttaient contre ces pratiques, arguant que la limite entre bienfait et drogue inhibant le contrôle de clients dans un lieu commercial était trop vague pour qu’on puisse tolérer ces pratiques.
Mais pour ma part, je ne venais rien acheter et la détermination qui m’animait me rendait peu sensible à ces méthodes d’influence marginales du comportement. Il est prouvé que les messages subliminaux et les mises en condition sensorielles sont capables d’influencer les individus indécis, mais qu’ils n’ont aucun pouvoir hypnotique pouvant aller à l’encontre d’un choix préalable de la victime. A moins d’en arriver aux drogues dures, ce qui s’est déjà produit d’après la rumeur publique, mais cela n’a jamais pu être prouvé.

Arrivée devant le bureau du Vice-Président du groupe, monsieur Frédéric Johnson, comme en témoignait la plaque de laiton vissée sur la porte en chêne massif, ma guide passa brièvement son poignet devant un capteur de proximité, qui lut sans doute un code d’accès sur son bracelet.
Un léger bruit pneumatique se fit entendre, ou plus exactement se laissa deviner tant il était discret. La porte s’ouvrit automatiquement et une voix m’invita à entrer. A peine en avais-je franchi le seuil que le battant se referma dans un bruissement sourd ponctué en final par ce même bruit de décompression. Probablement la pièce était-elle équipée d’une isolation acoustique totale comme tous les bâtiments publics en avaient bénéficié au siècle passé suite au scandale des écoutes gouvernementales à grande échelle.

- Bonjour, monsieur Clovis, je présume ? Asseyez-vous, je vous en prie.
- Merci, monsieur Johnson. Je vous remercie d’avoir accepté de me recevoir aussi rapidement. Je pense que vous devez avoir un emploi du temps très chargé.
- Laissons cela. Vous m’avez fait part d’un problème éventuel avec l’un de nos clients et nous avons à coeur de régler ce genre de problème immédiatement.
- Ce qui vous honore. Je tenais à vous rencontrer pour avoir votre version des faits concernant un client qui se plaint du fonctionnement de l’un des produits que vous commercialisez. Si ses dires sont exacts, je risque fort d’avoir un nouveau client, et par la même occasion, vous, d’en perdre un.
- Voilà qui démontre à souhait que dans l’univers, rien ne se crée, rien ne se perd. C’est l’une des devises de la maison.
- Et voici qui confirme l’impression du peu de sérieux que vous semblez porter à ses doléances. Le plaignant s’en est plaint, ce qui est son rôle, j’en conviens.
- Ne vous méprenez pas. Nous sommes très soucieux des éventuels problèmes, dysfonctionnements ou manquements de notre part à l’égard de nos clients. Mais nous avons une grande confiance dans la qualité de nos produits et nous supposons qu’il doit s’agir, une fois de plus, d’une mauvaise interprétation de la situation.
- Et bien, nous allons essayer de nous en faire une idée objective. J’aimerais que vous commenciez par me décrire vos activités avec exactitude.

- Nous ne fabriquons qu’un seul produit de base, que nous déclinons sous diverses variantes afin de l’adapter à toutes les circonstances possibles. Nous avons développé une technologie révolutionnaire, que nous appelons “Annihilateur sélectif”. Ce système nous permet, dans un caisson fermé, de déterminer quelle partie de la matière qui s’y trouve enfermée doit être conservée, et de quelle partie on doit se débarrasser.

Cette technique mise au point, nous avons décidé de la commercialiser sous la forme d’une gamme d’articles domestiques, principalement dans le but d’élimination des déchets. C’est ainsi que nous produisons des armoires de cuisine, des poubelles, des conteneurs, des cendriers... Nous disposons d’une gamme de produits standards, dans divers coloris et sous diverses finitions. Le cas échéant, nous fabriquons des articles sur mesure en fonction des demandes des clients.

Initialement, nous avions commercialisé un modèle de lave-vaisselle, mais nous nous sommes vite rendus compte de l’absurdité de cette démarche : pourquoi nettoyer sa vaisselle dans cet appareil pour devoir ensuite la replacer dans une armoire. N’était-il pas plus simple de faire de l’armoire de cuisine un lave-vaisselle ? Ainsi, vous rangez directement à sa place la vaisselle usagée et le nettoyage se fait sur place. Et vous récupérez la place inutilement consacrée à un appareil électroménager, ce qui vous permet de disposer d’une armoire de rangement supplémentaire dans votre cuisine.

- Mais cela vous oblige à équiper de votre dispositif chaque armoire, là où un lave-vaisselle traditionnel suffisait pour chaque foyer ?
- Exact. Mais en vendant davantage d’appareils, cela en fait chuter le prix très rapidement.
- Prix qui reste globalement très élevé d’après ce que l’on m’a dit. On m’a cité le prix d’un an de salaire, si je ne me trompe pas.
- Tout dépend de quel niveau de salaire nous parlons.
- Un point pour vous. Mais je suppose que vous me donnerez quelques indications sur vos tarifs ?
- Sans aucun problème, bien que la plupart du temps, nous effectuons un devis sur base d’une installation complète. Mais dites-moi, ce n’est pas pour les tarifs que nous pratiquons qu’une personne vous a contacté, je suppose ?
- Non, bien sûr. Aucune loi ne peut vous interdire de tarifer vos articles comme bon vous semble. Même si vous appliquiez des prix dépassant l’entendement, rien n’oblige personne à devenir votre client, donc on ne peut rien vous reprocher. Par contre, la publicité mensongère est punissable, comme vous devez le savoir, et ne pas remplir ses obligations dans un contrat commercial est passible de lourdes amendes, et même de peines de prison.

- Nous avons bien conscience de tout cela, et c’est pourquoi nous prenons garde à ne jamais nous avancer sur un point dont nous ne serions pas sûr à 200 %.
- Et donc, vous me confirmez, sans hésitation, que vos poubelles électroniques sont capables de nettoyer tout comme par magie ?
- Il n’y a rien de magique là-dedans. Nous ne faisons qu’exploiter la technologie mise au point par nos laboratoires depuis vingt ans. Vous doutez donc de la réalité de nos propos ?
- Totalement. Je n’y crois pas une seconde, malgré l’insistance de mon client. Mais je ne demande qu’à être convaincu, s’il vous est possible de me démontrer l’impossible.
- Ce sera vite fait. L’immense majorité de nos clients actuels ne pouvait pas croire à nos prouesses avant d’en avoir eu la preuve. Nous allons donc faire comme pour eux, sans intention de ma part de vous vendre quoique ce soit (son sourire en disait long sur la conviction qu’il avait du contraire).

****

Je me retrouvai, dix minutes plus tard, dans un show-room que l’on aurait pas imaginé se trouver dans un bâtiment comme celui-ci. Quelques cuisines équipées se faisaient face dans un combat immobile et silencieux pour conquérir le prix de la plus belle réalisation domestique.
Après m’avoir laissé choisir librement le meuble à mettre à l’épreuve, M. Johnson en ouvrit une porte et en retira une assiette. Il me proposa alors de passer au buffet et de me servir à volonté, de l’entrée au dessert, sans oublier le café et les biscuits. Je n’avais pas spécialement envie de manger et le temps m’était compté. Je constituai rapidement une assiette que je baptisai sur-le-champ “résumé gastronomique” puisque s’y côtoyaient des scampi à l’ail, des morceaux de veau, du riz au curry, un peu de salade et l’inoubliable gâteau au chocolat, le seul auquel je goûtai.

Je me dirigeai à nouveau vers l’armoire et demandais à l’inspecter. Je sondai les flancs, le fond, les étagères. Je la contournai pour me rendre compte qu’il n’y avait pas de trappe, pas de miroir, aucun artifice permettant de cacher un complice. À ma demande, deux manutentionnaires déplacèrent le meuble deux mètres plus loin et je pus vérifier que le sol ne comportait pas de trappe non plus. Seul un câble d’alimentation électrique, tout à fait banal, reliait l’objet de mon attention à un mur.

- Et maintenant, comment faut-il faire ?
M. Johnson ouvrit une porte de l’armoire, prit l’assiette à peine entamée et la déposa sur une pile d’autres assiettes qui, elles, criaient famine. Il referma la porte et se redressa, un sourire aux lèvres.
- Voilà, c’est tout.
- Comment c’est tout ? Mettez votre machine en marche, c’est pour ça que nous sommes ici.
- C’est terminé, vérifiez vous-même.

Je ne comprenais pas bien ce qu’il voulait dire. Il ne s’était rien passé. Pas de pression sur un bouton, pas de bruit, ni de vibration. Il fallait bien déclencher le processus, quand même. Comme il continuait à me regarder d’un air narquois, je me résolus à rouvrir la porte qu’il avait close quelques secondes plus tôt. Et là, le choc ! Je n’en crus pas mes yeux. Dans l’armoire, il ne restait qu’une pile d’assiettes étincelantes. Plus une trace de la moindre miette. J’étais complètement bluffé.

- Comment est-ce possible ? Vous n’avez rien fait ?
- Il n’y a rien à faire. Nous avons résolument choisi la voie de la simplicité d’utilisation. Nous ne voulions pas reproduire l’erreur que l’on constate chaque jour dans nos chaînes multimédias passives disposant de centaines de programmes et de milliers de fonctions alors que 99% de la population est juste capable d’insérer un microDVD et de pousser sur play. Pour nous, la cuisine doit rester simple. Vous fermez la porte et le dispositif s’occupe de tout. Il vérifie s’il y a quelque chose à enlever et si c’est le cas, il vous en débarrasse sur-le-champ.

Je restai songeur, me remémorant toutes les précautions que j’avais prises. Il ne leur avait pas été possible d’utiliser des méthodes de prestidigitateur puisque j’étais moi-même présent sur la scène des événements. Je me retournais vers Johnson :

- Et pour les poubelles ?
- Ça fonctionne à l’identique. Vous déposez vos ordures dans l’armoire et vous fermez la porte. Regardez ! (Il prit une revue qui traînait sur un meuble, la froissa pour lui donner du volume, la déposa sur une étagère par la porte entrouverte, referma cette dernière et me céda la place. Je tendis fébrilement la main sur la poignée, la tira vers moi et sentit mon coeur faire un bond dans la poitrine. La revue avait disparu, et avec elle, ses couleurs, ses agrafes, son coupon-réponse d’abonnement... Il n’en subsistait pas la moindre trace. Après quelques secondes nécessaires pour accuser ce second choc, je demandai, exalté :

- Mais comment cela fonctionne-t-il ? Pourquoi la vaisselle propre ne disparaît-elle pas également ? Comment fait cet appareil pour repérer la saleté ? Et si je mets dans une poubelle l’une des assiettes cassées ? Que... Quel principe utilisez-vous ? Nom d’un chien, ce n’est pas possible, je ne peux pas y croire ! Est-ce qu’elle multiplie aussi les petits pains ?

- Allons, du calme. Je sais que tout ceci est surprenant lorsqu’on le découvre, mais tout cela s’explique scientifiquement. Je trouve vos questions très perspicaces et je vais m’employer à y répondre le plus complètement possible.
Le fonctionnement se fait en deux phases. La première consiste à analyser le contenu du meuble, au moyen de rayons X, de lasers, de résonance magnétique, de sonar, l’ensemble de ces détecteurs étant nécessaire pour contourner les limitations imposées par certains matériaux. Nous analysons donc la structure moléculaire du contenu...

- Ah ! oui, d'accord ! Je comprends mieux l’explication de mon client qui me parlait de “structure molle et culinaire”. Structure moléculaire, comment n’y avais-je pas pensé ?

- Amusant ! Donc, une fois cette information acquise, nous la comparons avec notre référentiel, c’est-à-dire la mémorisation d’une première analyse faite au départ pour indiquer au système quel et le contenu normal “autorisé”. Attention, ce n’est pas si simple, car le système reconnaît individuellement chaque objet, ce qui ne vous oblige pas à ranger chaque tasse rigoureusement à la même place.
“Pourquoi la vaisselle propre ne disparaît-elle pas ?”. Parce que le système s’en souvient.
“Comment fait cet appareil pour repérer la saleté ?”. Il repère tout ce qui n’est pas mémorisé. Si vous y mettez une assiette “étrangère” à cette armoire, elle disparaîtra avec les ordures.

“Si vous mettez dans une poubelle l’une des assiettes cassées ?”. Elle est éliminée. Pour l’anecdote, nous mentionnons dans nos communiqués de presse que notre programme est tellement sophistiqué qu’il découvre l’aspect déstructuré de l’assiette et en déduit qu’elle doit être éliminée. En réalité, le système est tout bonnement incapable de reconnaître l’assiette parce que la nouvelle analyse de forme diffère trop du spécimen.
“Le principe d’élimination ?”. Celui-ci doit, je le regrette, rester encore confidentiel. C’est notre poudre de perlimpinpin. Désolé.
Et pour terminer, non, cette machine ne peut pas multiplier les pains. Encore que moyennant quelques réglages, on devrait pouvoir y arriver...

Encore une question ?

Je rassemblai mes idées, puis sans m’en rendre vraiment compte, je demandai :

- Et ça coûte combien ?

Il me lança un regard provocateur dans lequel je crus percevoir de manière furtive le reflet d’un dollar en or massif, avant de me répondre :

- Quel est votre salaire annuel ?

*****

De retour dans son bureau, je comptais bien aborder la question la plus importante, maintenant qu’il semblait établi que leur commerce n’était pas une arnaque : qu’en était-il de l’événement survenu chez mon client, et que comptaient-ils faire pour résoudre le problème ?
Mais il ne me laissa pas ouvrir le feu…
- Je suppose que vous représentez monsieur Luc Iboï et que celui-ci vous a dépeint la situation en des termes catastrophiques ?
- Cela semble légitime. Comment apprécieriez-vous la situation si vous retrouviez votre cuisine entièrement recouverte de 15 cm de magma nauséabond qu’une armoire dernier cri continue à cracher à la manière d’un volcan en éruption ?
- Oui, vu sous cet angle !
- Je pense que quel que soit l’angle de vue, la vision d’horreur reste la même.
- Mumm. Avez-vous pris connaissance du contrat qui nous lie à ce monsieur ?
- Pas encore. Je ne l’ai rencontré qu’une seule fois et il n’avait pas ce document sur lui. Je n’ai pour ma part encore rien décidé pour cette affaire et je tenais à découvrir avant toute chose à qui je risquais de me confronter. J’avais par ailleurs de très sérieux doutes au sujet de votre solution… doutes pas encore totalement dissipés, je dois le confesser.
- Quel homme de peu de foi, n’arrivant même pas à croire ce qu’il voit de ses propres yeux !
- Le regard n’est jamais à l’abri d’un trompe-l’oeil bien conçu. Par contre, l’esprit critique est plus difficile à mystifier.
- Attention de ne pas sombrer pour autant dans un scepticisme sclérosant.

- Revenons à nos moutons ! Pouvez-vous m’expliquer ce qui s’est passé chez monsieur Iboï ?
- (Un temps de réflexion). Et bien, disons que son système a simplement cessé de fonctionner, peu importe la raison, et qu’il s’est retrouvé en présence de l’ensemble des ordures dont il avait été débarrassé .
- Légèrement incomplet comme explication ! Quelles sont ces raisons sur lesquelles vous semblez vouloir entretenir le mystère ?
- Elles sont liées à la technique ultra-secrète que nous ne désirons pas révéler. Je ne peux vraiment pas vous en dévoiler davantage. Mais soyez rassuré, nous avons déjà repris contact avec monsieur Iboï et avons trouvé un arrangement qui semble le satisfaire pleinement. Il nous a confirmé ne pas vouloir porter plainte. Il vous le confirmera sans problème si vous le lui demandez.

- Et puis-je connaître la teneur de votre arrangement ou cela est-il également frappé du sceau de l’hyperconfidentialité ?
- Non, il n’y a pas de problème. Nous avons révisé son système qui fonctionne à nouveau à merveille. Nous avons pris à notre charge la totalité du nettoyage de la cuisine et le remplacement de ce qui était irrécupérable. Et en plus, à titre de dédommagement moral, nous lui avons accordé une substantielle ristourne sur la reconduction de son contrat de maintenance.
- Comment ? Vous êtes arrivé à faire repayer ce couple pour une année de maintenance malgré l’incident ?
- Pas “malgré”. “Grâce à” ! Cet épisode de notre relation commerciale les a convaincu sans difficulté de la nécessité de bénéficier d’un contrat d’entretien pour l’utilisation de notre technologie. Et puis, il saute aux yeux que madame Iboï ne pouvait imaginer se passer à partir de ce jour du seul appareil électroménager qui ait changé sa vie.

J’étais abasourdi. Quel retournement de situation ! A deux doigts de leur intenter un procès retentissant, le client se dégonfle et en redemande, tout en se soulageant d’un paquet de dollars. Gonflé, le gars, il aurait quand même pu me prévenir pour m’éviter de passer pour un idiot devant ce type qui, soit-dit en passant, fait preuve d’une exceptionnelle capacité de négociation. J’en étais pour mes frais. Un déplacement pour rien… enfin pas totalement : maintenant, je connaissais tout, ou presque, sur ce que la technologie du 21e siècle était capable de nous offrir… ou plus exactement de nous vendre. Ne pouvant plus supporter l’inutilité de ma visite, je pris congé de mon hôte et me promis de ne plus parler ou entendre quoi que ce soit au sujet de la “Total Trash Company”.

C’était oublier un peu vite que les problèmes n’attendent pas qu’on les interpelle pour venir vous empoisonner la vie.


Réagir à ce texte (e-mail à l'auteur) :
Prénom (obligatoire) :
Nom (obligatoire) :
E-Mail (obligatoire) :
Votre commentaire :

      


http://www.babelweb.be • Babelweb © 2001 - 2013 tous droits réservés