20/01/2002 - Erwan Chuberre
Le royaume perdu des fées - 41..48

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Le trajet du retour fut chaotique. Didier nous a tout simplement laissé sur le sable pour s’enfuir avec sa nouvelle conquête.
Quand l’odeur du sperme devient trop forte, l’amitié n’est plus qu’un lointain souvenir...
Nous avons longé la plage pendant vingt minutes pour rejoindre l’arrêt de bus.
J’avais deux messages sur mon répondeur :
- Allô... Oui, Yan ? C’est Lisa, je voulais savoir si tu étais libre ce soir. Je fais une petite fête avec des amis. Ca serait très sympa que tu viennes. Il faudra que tu emmènes des CD pour l’ambiance ! Tiens-moi au courant !
Le deuxième :
- Oui, c’est Romain. Juste pour te dire que j’atterris à Fréjorgues (l’aéroport de Montpellier) demain matin pour une escale de trois jours. Je viendrais te voir en fin de matinée, bises !

Pour le premier message, cette soirée va contrecarrer mes plans de sortie. Ce n’est pas grave. Nous irons demain soir au Paradis vert . C’est Cathy qui est aux anges !
- Enfin une soirée avec des gens normaux...
Pour le deuxième message. Je suis plus embêté. L’arrivée de Romain n’était pas prévue au programme. Il devra dormir avec moi, il n’y a plus de place. Même si je lui fais confiance, il trouvera toujours un lit au dernier moment !
- Tiens, Romain m’a aussi laissé un message, il arrive demain pour trois jours.
Cathy cache son enthousiasme. Matthieu, fidèle à son comportement du jour, reste silencieux.

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Le bus arrive enfin. Mauvaise heure.
Difficilement, nous arrivons à nous faufiler à l’arrière du bus.
Sans le faire exprès, Matthieu écrase le pied d’une jeune femme brune à la peau très bronzée.
- Vous pourriez dire pardon ! râle-t-elle.
Elle n’a pas l’air commode la demoiselle. Le soleil a du lui faire beaucoup de mal.
Matthieu s’excuse timidement. Sincèrement désolé.
- Les gens se croient vraiment tout permis ! lui lance-t-elle des fusées dans les yeux.
Le trajet se passe normalement. Nous parlons de la soirée de ce soir.
- Une soirée remplie d’hétéros ! Le rêve... plaisantais-je.
Quand la jeune femme me lance, sur un ton acariâtre :
- En plus, ce sont des PD !
Elle commence à agresser le pauvre Matthieu en lui demandant le temps qu’il mettait pour se maquiller.
- Beaucoup moins longtemps que toi, j’imagine. Mon ami a moins de défauts à cacher, répondis-je pour Matthieu, qui, tétanisé par l’agressivité de la fille s’est enfermé dans sa coquille. Il n’est pas du genre à chercher le conflit et encore moins à l’affronter.
- Oh, toi le branleur, tu me parles pas comme ça ! me dit-elle d’une voix de cité. Je ne t’ai pas sonné !
- Peut-être, mais mon mari et moi, c’est la même chose...
- Ah ouais, et c’est toi qui fais la femme ?
- Ca dépend des jours et de nos humeurs.
Furieuse que je lui réponde au tac au tac, elle reste sans voix.
Cathy tourne le doigt sur sa tempe pour me signifier qu’il doit lui manquer une case.
Je garde mon silence. Cette jeune femme m’énerve au plus haut point, mais je reste stoïque. Nous continuons notre conversation.
Elle nous écoute en mimant nos propos d’une façon caricaturale. Ca m’énerve sérieusement. Hmm, j’adorerai la tirer par les cheveux sur cent mètres !
Sur ce, je sors :
- Matthieu, il ne faudra pas que tu oublies de racheter du mascara pour ce soir.
- Ecœurant ! crie notre délicieuse compagne de route, comme ils dénigrent les filles, j’y crois pas !
- Ne soyez pas parano, on ne parle pas de vous, lui dis-je poliment (je me contiens...).
- Para... Quoi ?
- Parano. Cela veut dire délire de persécution.
- Mais tu ne sais pas à qui tu parles ! Moi, je travaille dans le milieu hospitalier... Fais pas ton monsieur “je sais tout”! Espèce de PD !
Aïe ! Elle y va fort !
- Vous êtes bien tous pareils !
A ce moment-là, un surfer blond, apparemment énervé par les vagissements de l’hystérique lui dit violemment :
- Bon, si tu ne les supportes pas, fous leur la paix, sinon c’est moi qui vais te faire taire !
Un vrai gentleman.
Le coup de massue. Se sentant immédiatement en minorité, elle nous tourne le dos et nous snobe jusqu’à la fin du voyage.
Je me concentre pour ne pas lui sauter dessus griffes dehors, une fois arrivé.

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Ce genre d’altercation provoquée par une fille est très rare. C’est même la première...
A mon avis, un homo a du la faire beaucoup souffrir pour qu’elle réagisse aussi brutalement à notre égard.
Son mec l’a peut-être plaqué pour un garçon ?
Va savoir...
Plaquée ou pas, elle illustre un triste cas d’homophobie.

Sans vouloir noircir le tableau, l’homophobie existe encore à l’aube du vingt et unième siècle! Plus ou moins violente.
Si lors de ces dernières années, l’homo devient un être normal à part entière, il lui arrive encore de se faire agresser dans la rue :
de la petite insulte bête et méchante à l’acte de violence qui peut entraîner la mort (comme cet avocat parisien retrouvé récemment bâillonné sur sa chaise et assassiné parce qu’il était homo ).
Il existe partout en France des gangs appelés les “casseurs de PD”, d’où l’expression peu courtoise : “on va casser du PD” !
Leur amusement préféré : traîner dans les lieux de drague homo réels (les parcs, les aires d’autoroute) ou virtuels (les rezos téléphoniques ou Internet), flairer le pigeon, le séduire (généralement, par le plus jeune du clan) puis lui tomber dessus à plusieurs pour lui faire regretter de préférer les hommes!
Ce n’est même pas du vol, c’est juste histoire de “bouffer du PD”.
Si au moins, ils avaient la politesse de partir avec la montre de la victime, l’agression serait justifiée, même pas...

Ce qu’ils ignorent, c’est qu’involontairement, ils deviennent des machines de fantasme. Certains homos masochistes n’attendent qu’une chose : les rencontrer pour se faire rouer de coups. Ils en viennent à organiser des plans sexuels mettant en scène ce genre d’agression.
En attendant que cela leur arrive pour de vrai, ils errent dans les lieux de drague, la peur au ventre mais avec un grand plaisir. La peur d’être surpris par ces purs machos fait vibrer leurs sens...
Si c’est leur choix...
En attendant, si j’entends parler autour de moi d’agressions homophobes, les journaux n’en parlent jamais.
Dans la colonne des faits divers, on préfère parler du chien écrasé plutôt que du PD défiguré.

Heureusement pour nous, ces faits divers ne sont pas quotidiens...
A nous de nous préserver :
- Ne pas errer seul à la recherche du plaisir dans un endroit publique.
- Ne pas recevoir chez soi lors d’un rendez-vous via les rezos.
- Une fois trop bourré, rentrer directement en taxi.

Mieux vaut prévenir que guérir. Ce serait dommage de gâcher sa vie pour cinq minutes de plaisir...

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Maintenant, j’avoue ressentir une grosse compassion pour ces agresseurs (c’est mon côté humaniste).
Comment un être humain peut engranger autant de haine en lui pour s’adonner à ce genre d’acte criminel ?
Il doit avoir sacrément peur de lui et doit avoir énormément de choses à se reprocher.

Par expérience, les gens que j’ai rencontré les plus virulents vis-à-vis de l’homosexualité sont ceux qui sont les plus influençables une fois qu’ils s’oublient...

Je me rappelle de ce pompier que mon cousin Patrice m’avait fait rencontrer. Mon cousin m’avait prévenu :
- Tu sais, Yan, j’ai un ami qui vient dîner avec nous ce soir. C’est un pompier qui...
Je le coupe très enthousiaste, la langue pendue :
- Génial ! Je n’ai jamais encore croisé de pompier !
- Okay, mais justement, je veux te mettre en garde. Il ne supporte pas les homos !
- Promis, je ne parlerai pas de cul, et si vous parlez de vagin, j’irai aux toilettes pour ne pas qu’il devine mon manque d’intérêt !
J’avais dix sept ans. La rencontre avec un vrai pompier m’excitait beaucoup. Ah... L’attrait de l’uniforme !
Le dîner me tardait.
Passé ma grande déception de ne pas le voir arriver en tenue de travail, le repas s’est déroulé sans le moindre scandale. Mon cousin pouvait être fier de moi. J’ai su me contenir, même si j’ai failli sortir une fois de mes gonds quand il a vanté les mérites de la politique de Le Pen (un ancien homme politique qui a fait son effet dans la fin des années quatre vingt... ).
Mais, je me suis raisonné.
Nous sommes en démocratie. Et si je veux de la tolérance, il faut que j’en donne aussi.
Il était si mignon, en plus...
Après le repas, nous avons fait la tournée des bars pour finir dans une discothèque de garçons qui aiment les filles. J’étais sur Mars.
Le pompier, grisé par l’alcool, devenait de plus en plus extraverti. Il draguait les filles les plus laides, pourvu qu’elles aient une grosse paire de seins. Des laiderons qui faisaient la fine bouche... Les malheureuses !
Mon cousin et moi n’étions pas plus fiers.
L’ivresse en moi, les mises en garde de Patrice avaient disparu, et je commençais à draguer le beau pompier (d’ailleurs, existe-t-il des pompiers moches ?). Et si les plus filles les ingrates ne voulaient pas de lui, je voulais bien me sacrifier...
A la grande surprise de mon cousin, il ne semblait pas choqué par mes attaques. Au contraire, il s’en amusait. Je remerciais toutes les filles de la boîte d’être aussi frigides ! Il allait être à moi.
Nous quittâmes la discothèque au petit matin absolument imbibés et désinhibés.
Et, c’est tout naturellement que mon pompier m’a tendu sa perche sur la plage arrière de la voiture de Patrice.
Sa légendaire haine des homos disparaissait le temps d’éteindre le feu qui me consumait...

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J’en garde un souvenir ému. C’était mon premier pompier.
Je n’ai jamais eu de ses nouvelles, mon cousin non plus.
Il a du avoir peur de ce qu’il découvrait, de son homosexualité...
Qui sait ?
Peut-être qu’il fait partie d’un gang maintenant...

Cette haine envers ce que l’on ne connaît pas provient souvent de sa propre peur, de ce refus de voir son homosexualité en face.
Des garçons comme ce pompier, j’en ai eu plus d’un dans mon lit, alors que ceux qui acceptent totalement l’homosexualité et qui m’apprécient en tant que tel n’ont jamais franchi le seuil de ma chambre.
Si certains hommes ont peur de leurs penchants, c’est souvent le fruit d’une éducation qui rejette en bloc l’homosexualité.
Maintenant que nous sommes entrés par la grande porte dans les mœurs de la société, il faudrait arriver à pénétrer dans ces familles à l’esprit obtus qui considèrent les homos comme des malades mentaux.
J’ai toujours pensé que si un enfant voit deux garçons s’embrasser dans la rue ou à la télé, le message des parents devrait être :
- Tu vois, ce sont deux hommes qui s’aiment, c’est naturel.
Et non pas :
- Ne regarde pas ! Ce sont des tarés !
Cette dernière phrase est dangereuse pour l’enfant. Elle peut engendrer de la haine pour les autres, voire de la haine pour lui-même s’il devient lui aussi un “taré”.

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Arrivés à l’appart, Matthieu nous explique son long silence.
Fifi lui manque beaucoup. Il se sent comme un chanteur sans sa voix.
- Pourtant, tu passes ta vie au téléphone avec ton copain ! lui fait remarquer Cathy.
- Oui, je sais. Mais je n’y peux rien. Je m’en veux. Il est seul à Paris avec une tonne de boulot, et moi, je m’amuse avec mes amis. J’aurai tellement aimé qu’il soit avec nous!... En plus, il se fait des films, il pense que Yan va me présenter pleins de nouveaux mecs ( moi ? Comment peut-il penser ça de moi !), donc il angoisse.
Matthieu décide de ne pas sortir. Pas ce soir. Il déprime (ou il a mal à son derrière).
Sur le thème de l’absence, Cathy se souvient de la raison de sa venue, le décès de Mireille et fond en larmes.
La soirée commence bien !

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Ma mission : ne pas me laisser abattre à mon tour et remotiver le moral des troupes.
Concernant Matthieu, c’est désespéré. Il est vraiment amoureux de son Fifi.
Involontairement, j’adopte le comportement que Fifi craignait.
- Tu verras, il y aura pleins de mecs canons. Lisa travaille dans une agence de mannequins (mensonge... c’est une agence de voyage, mais mensonge à demi car les deux offrent du rêve, de l’évasion, donc...), on va s’éclater !
Que nenni.
Matthieu reste pied ferme sur sa décision.
Pour Cathy, une fois ses grosses larmes de crocodile séchées, la convaincre fut chose aisée.
Depuis le temps qu’elle insiste pour sortir dans un lieu hétéro !
- Bon Cathy, va donc prendre ta douche vite fait pendant que j’appelle Lisa pour lui dire que c’est Okay.

Lisa, c’est une ancienne copine du collège. C’est avec elle que je hurlais le refrain de 3ème Sexe, le tube du groupe Indochine, c’est avec elle que j’ai fumé ma première clope (une Camel), que j’ai eu ma première cuite. Et c’est elle qui fut mon premier public pour écouter toutes mes premières histoires sexuelles...
Elle a bien connu Didier... de vue. Elle faisait partie de mes copines jalouses surtout qu’au collège, elle disait à qui voulait bien la croire qu’on sortait ensemble...
Lisa est maintenant devenue une femme mariée (avec trop gosses, déjà !).
L’adolescente insoumise et libertine s’est transformée en une maman épanouie et heureuse de son sort qui travaille à mi-temps dans une agence de voyage. Le parfait compromis entre la mère au foyer et la working girl.
Son seul regret : le corps de baleine que lui ont laissé ses trois accouchements consécutifs.
Je tape son numéro sur le fixe. Comme elle est dans le jus, je ne la retiens pas longtemps.
- Oui, c’est Yan... Pas de problème pour ce soir. Je viendrais avec une amie de Paris... J’emmène des CD ? D’accord ! Au fait, bon anniversaire ! A tout de suite...

Mince, c’est son anniversaire !
Et pour un anniversaire, il faut des cadeaux... Et je n’en ai pas.
Je regarde furtivement autour de moi... Je ne peux quand même pas lui offrir la compilation de Céline Dion que l’on m’a offerte pour mes trente ans ! Je réfléchis... Je ne l’ai jamais écouté, donc il est comme neuf.
Non... Ce ne serait pas honnête. Et l’idée d’offrir un album de Céline Dion ne peut naître que d’un esprit pervers. C’était un cadeau de Fabien un de mes ex. Il n’avait pas apprécié que je mette un terme à notre relation...
Ce n’est pas grave, on s’arrêtera à une épicerie et je prendrais une bouteille de whisky.
Je choisis minutieusement dans mes CD ceux qui pourraient faire l’affaire : Mylène, Alizée, Madonna et le nouveau remix de Chantal Goya que j’ai acheté la semaine dernière. Il fera un tabac !
“ Becassine is my cousine !”

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Nous arrivons un peu tôt. Nous sommes parmi les premiers invités. Lisa nous salue rapidement et s’excuse de ne pas être encore prête. Elle file dans sa chambre se changer et nous laisse en compagnie d’un punch créole et d’un biscuit sec : son mari.
- Alors Yan, vous vous plaisez à Montpellier ? me demande-t-il d’une façon sèche et grinçante.
Tout aussi chaleureusement, je lui réponds :
- Oui, ce n’est pas l’Eldorado, mais ça va.
- Lisa m’a dit que vous faisiez l’acteur à Paris... Quelle drôle d’idée ! ricane-t-il sans desserrer ses mâchoires.
Je n’apprécie pas du tout son ironie.
- En effet, j’étais comédien mais comme je ne couchais pas assez, ma carrière fut de courte durée. Pourtant, j’aime le sexe, mais je préfère choisir !
Prends ça dans les dents...
Cathy s’étrangle de rire avec ses chips. Le biscuit sec, devenu tout rouge, s’excuse poliment et cours accueillir des nouveaux invités. Nous ne le verrons plus de la soirée...
Comment Lisa a pu épouser un tue-l’amour de son genre ? Elle m’avait prévenu qu’il était un peu “excentrique”, mais là...
“ Faire l’acteur” !
L’expression la plus rabaissante pour définir le métier de comédien.
- Il est bizarre le mari de ta copine, me confie Cathy encore amusée de ma réponse.

Les convives commencent à remplir la grande pièce du salon, spécialement vidée de tous ses meubles.
Nous nous dirigeons, le verre de punch à la main vers la sono où une pile de compact disc est posée.
J’inspecte.
- Neil Young, Led Zeppelin, ACDC, Telephone... Je crois que l’on va s’amuser comme des petits fous !
Lisa arrive vers nous, toute pimpante. Elle a encore incroyablement grossi !
En plus d’avoir fait ses trois bambins, elle a du arrêter de fumer !
- Je savais où te trouver.
En se tournant vers Cathy.
- Il n’a pas changé mon petit Yan... Toujours près de l’endroit où ça bouge ! Il va bien nous faire remuer notre popotin celui-là ! Alors, qu’est-ce qu’il nous a emmené de bien dansant ?
Je lui tends mes CD d’un geste volontaire. J’assume totalement Chantal Goya... enfin, presque.
Lisa hurle en éclatant de rire.
- Il est trop drôle ! Ecoutez-moi tous ! Mon ami Yan nous a apporté du Chantal Goya ! C’est pas vrai, tu n’écoutes plus ça à ton âge ?... Et tu aimes encore Mylène Farmer ! C’est dingue... je dois t’avouer qu’à chaque fois que je la vois avec ses airs de petit chien névrosé, je pense à toi tout de suite. Au fait, toi qui sais tout, elle est passée combien de fois sur le billard ?
- (décontenancé) Euh... Je ne sais pas...
- Bon, je te préviens. Ici, c’est plutôt rock comme ambiance... donc...
- Ne t’inquiète pas Lisa, je passerai mes CD une fois que tes invités seront bien bourrés, tu verras, ça passera comme du beurre...
- En attendant, viens, il faut que je te présente à mes amis!

Et voilà, en un éclair, je suis kidnappé abandonnant ma pauvre Cathy encore sous le choc de l’énergie de Lisa.
Je ne compte plus les bises et les “enchanté, moi, c’est Yan”. Ballotté à droite et à gauche, je deviens la curiosité du moment.
- Mais oui, c’est lui qui a travaillé avec Pascal Sevran ! dit fièrement Lisa à une grosse copine à lunettes, mais ne le dévore pas comme ça des yeux, il est homo à fond !
J’aurai dit cette dernière phrase encore plus fort si j’avais été elle.

Yan, c’est moi !
L’ami homosexuel qu’il est bon ton d’avoir dans son entourage. Il écoute encore Chantal Goya, mais ce n’est pas grave. Il est gentil, mignon, drôle, c’est ma meilleure copine !
Je n’en peux plus d’être à ce point exhibé...
Je profite d’un moment d’inattention de la part de Lisa pour filer rejoindre Cathy.
- Au secours, ils veulent ma peau !

Bizarrement, Cathy est aussi mal à l’aise que moi, entourée de tous ces hétéros. Elle, si animatrice d’habitude, reste dans son coin à se bourrer de chips et à boire du punch. Sans faire le moindre effort pour se fondre dans la petite foule qui envahit le salon.
Je ne comprends pas.
- Yan, c’est un cauchemar! me dit-elle à l’oreille.
- Oui c’est un cauchemar de voir tous ces garçons avec des filles, répondis-je content de moi.
- Non, ce n’est pas ça... Enfin, si. Il n’y a que des couples ! J’ai l’impression de faire pauvre fille.
Doucement, je tente de la rassurer.
- Mais non, tu te fais des idées. Tu es juste une vieille célibataire de trente ans !


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