20/01/2002 - Erwan Chuberre
Le royaume perdu des fées - 49..56

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Notre statut d’extraterrestres s’amplifie, quand résonnent les premières notes du slow I’m still loving you du groupe Scorpion.
La piste se remplit soudain de couples s’enlaçant mécaniquement. Le moment émotion de la soirée...
En temps normal, je trouve ce genre de scène pitoyable, mais, l’alcool aidant, je trouve leur manque de naturel plutôt comique.
Je dis à Cathy :
- Putain, qu’est-ce qu’on s’amuse chez les hétéros !
Elle me tire la langue, tout en sachant que j’ai raison.
- A la place de te moquer, tu ne veux pas danser avec moi ce slow ? me demande-t-elle timidement.

Cruel flash-back. J’avais seize ans environ.
Pour faire plaisir à une copine (encore une...) qui avait organisé une boum, j’avais accepté de danser un slow langoureux avec sa correspondante allemande, la grosse Frida, folle amoureuse de moi.
Une ballade de Paul Young, version longue. Six minutes à éviter les lèvres charnues et la langue baveuse et pendue de Frida.
Le calvaire... Elle m’écrasait littéralement de son poids.
A la fin du slow, confuse, elle a quitté la boum en pleurs. J’avais fait une malheureuse et je me suis fait traiter de séducteur à deux balles par ma copine.
- Tu lui fais des grands sourires, tu l’allumes et, quand elle veut conclure, tu la rejettes !
Mais non... Mes sourires ont été mal interprétés ! Je le jure !

Je n’en veux pas à mon amie. Elle ne savait pas. Je ne lui avais pas encore fait mon “coming-out”...
Rien de pire que ce genre de fête pour les jeunes homos !
Depuis ce jour, je n’ai plus jamais dansé de slow, même pas avec Brad Pitt.

Je faisais une entrave à ma règle. Avec tout ce qu’elle endure avec moi, je dois bien cette danse à Cathy.
Certains couples nous adressent des sourires, d’autres, plus méfiants, évitent tout contact avec nous, nous fuyant comme des pestiférés.
La poitrine opulente de Cathy m’étouffe. L’agonie. Ce n’est pas ce soir que je vais me réconcilier avec les slows !
Le morceau fini, je cours me jeter sur un verre de whisky. Le punch n’est plus assez fort...
Cathy me remercie.
- Même dans tes bras, ça fait plaisir de se sentir femme !

Au loin, je vois la grosse copine à lunettes de Lisa, le pas chancelant, bourrée, venir vers nous. Oh non...
- Je suis écœuré ! Dis pourquoi vous êtes tous aussi beaux !
- Je ne sais pas... Sans doute pour faire de beaux accouplements.
Elle sent à plein nez le whisky. C’est moche pour une jeune femme. Pour avoir bu autant, elle doit être prof !
Je continue :
- Mais, il ne faut pas croire, nous avons aussi nos moches.
Pensées pour Lionel !
- Ah ouais, moi, je n’en connais pas. Non, sérieux... Vous êtes trop graves, trop sexe ! me lance-t-elle en me faisant une grosse bise écumeuse.
Le slow, maintenant la bise... Trop, c’est trop.
Elle s’adresse à Cathy :
- Et toi, t’es lesbienne ?

Anéantissement de mon amie. Si seulement c’était la première fois qu’on le lui demandait. Mais non, on lui fait souvent ce genre de réflexion...
Le souffle coupé, elle ne trouve pas de réponse comme injustement accusée d’un crime.
La grosse copine à lunettes ne m’abandonne pas pour autant.
- Yan, tu n’as jamais rencontré une vraie femme qui te donne du plaisir ?
- Non...
- Si tu veux, je n’habite pas loin. Je sais faire pleins de choses... On peut s’absenter un moment... Personne ne remarquera notre absence. Je t’assure que tu ne le regretteras pas... Je n’ai jamais reçu de plaintes... Et comme ça, tu pourras me donner des conseils pour bien faire une bonne fellation... On dit toujours que c’est vous qui êtes les plus doués pour faire une pipe. Normal, vous savez de quoi vous parlez !...

Au secours ! Où est la sortie de secours ?... Je fuis.
Je préfère encore danser sur du Téléphone plutôt que de supporter un instant de plus ce harcèlement sexuel !
Cathy se remet peu à peu, sincèrement affectée dans sa fierté de femme hétérosexuelle...

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Vers deux heures du matin, Lisa me supplie de mettre Chantal Goya.
- Mes amis commencent à s’endormir ! Vite mets-nous, Chantal ! Ca va mettre un peu de peps !
Glups ! La chaise électrique.

Malgré leurs veines noyées d’alcool, la majorité des invités crient au scandale, les autres, perplexes sont tétanisés.
L’alcool ne provoque pas l’effet escompté.
Je ne me doutais pas que cette chanteuse pouvait encore soulever autant de polémique...
Ils ont bel et bien perdu leur âme d’enfants. Nous sommes vraiment trop différents. J’abandonne.
De toute manière, il est l’heure d’aller se coucher.

Sur le trajet du retour, Cathy semble tourmentée.
- Je ne comprends pas pourquoi elle a pu penser que j’étais lesbienne ?
J’étais trop fatigué pour entrer dans un long débat sur son manque de coquetterie qui peut lui donner des airs de camionneuse.
Même si, une lesbienne peut très bien être hyper féminine...
Mais, c’est un autre débat.
Demain est un autre jour.

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Matthieu est le plus matinal. Normal...
Il nous a acheté des viennoiseries et a préparé le café.
Il pète la forme. Il a eu une longue conversation avec Fifi qui lui a donné le feu vert pour s’amuser sans complexe. La conscience tranquille, Matthieu est paré pour abattre des montagnes !
J’aimerai qu’il baisse un peu le volume de sa forme. Un petit peu... J’ai le punch et le whisky mauvais.
Il veut connaître le déroulement de la soirée de la veille.
- Etonnant ! lui dis-je sans enthousiasme.
Il n’en saura pas plus...

Cathy entre dans la cuisine, défaite. Elle a très mal dormi.
- J’ai rêvé que la folle à lunettes me courait après pour me lécher le minou... L’angoisse !
Je visualise la scène. Cela me fait sourire. Matthieu ne comprend pas.
- Tu n’avais qu’à venir avec nous, tu as loupé une soirée inoubliable, n’est-ce pas Yan ?
- Peut-être, mais moi au moins, j’ai pu soigner mes coups de soleil. Ce qui n’est pas ton cas. Tu ressembles à une écrevisse !
Ah, ces parisiens qui ne supportent pas le soleil !

On frappe à la porte. Qui cela peut-il bien être ? J’espère que ce n’est pas la grosse à lunettes qui nous aurait suivis !
Mince ! J’ai totalement oublié Romain. Je ne l’ai même pas rappelé. Ca doit être lui. C’est lui...
Sincèrement confus, je lui raconte brièvement les derniers événements. Il est vraiment canon dans son uniforme de steward.
D’abord souriant, à la vue de Cathy et de Matthieu, ses traits se crispent. Il me croyait seul. Se reprenant rapidement, il va les saluer. Toujours aussi serviable, Matthieu lui sert un café.
J’en profite pour filer sous la douche, mes idées seront plus fraîches.
Il va falloir que je dorme avec Romain, je ne peux pas le renvoyer à son hôtel.
Comment vais-je faire pour occuper tout ce petit monde ?
Romain va vouloir aller à Maguelone. Impossible pour Cathy et Matthieu, ils sont totalement brûlés par le soleil.
Que faire un dimanche à Montpellier quand on ne va pas à la plage ?
Mon DVD de Mylène ne comblera pas toute la journée !

Ma douche finie, je regarde mon corps nu dans le grand miroir de la salle de bain. Je suis plutôt satisfait. La marque de mon maillot de bain se voit bien. Je trouve ça plutôt sexe. Le bronzage a bien fait son œuvre, aucune trace de fatigue sur mon visage.
Quelqu’un frappe à la porte.
- C’est qui ?
- C’est moi, murmure Cathy, j’ai envie de faire pipi.
Zut... Je déteste ces salles de bain à double usage. Je m’active.

J’ai rejoins les garçons. Romain parle des nouvelles mesures que le Syndicat d’Air France a mises en place pour les employés. Matthieu me fait ses yeux de chien battu. Il me supplie de le sauver. Message entendu.
- Romain, je suis désolé de t’avoir zappé... Tout s’est passé si vite ! Mais je suis très content de te voir. Au fait, comme Cathy et Matthieu occupent déjà le canapé-lit, il va falloir que tu dormes avec moi. Si ça ne te dérange pas...
- Au contraire, me dit-il tout malicieusement.
- Mais bon, te connaissant, je suis prêt à parier que seuls tes bagages dormiront avec moi...

Très grand chef de bande, je hausse le ton afin que ma voix parvienne jusqu’au trône de Cathy.
- Je vous propose une chose : la visite des terrasses des cafés pour finir au Café de la plage pour l’heure divine de l’apéro !
Ma proposition est validée par les garçons.
Cathy revient.
- Qu’est-ce que tu as dit ? Avec la chasse d’eau, je n’ai rien entendu.

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L’après-midi ressemble à une journée de Noël...
On s’embrasse, on oublie tout. Matthieu savoure sa liberté géographique en nous assommant de commentaires sur la confiance en amour. Cathy et Romain rigolent ensemble ne comprenant rien à son discours. A les voir si complices, on en oublierait leur contentieux.
Compréhensif, Romain a fait une croix sur son escapade à Maguelone. Comment ne pas l’être en voyant les épaules cramoisies de Matthieu et de Cathy ?

Nous avons fait toutes les terrasses de Montpellier, de la place de la Comédie à la place du Marché aux fleurs en passant bien sûr par les petites rues de L’Ecusson. Matthieu s’extasie sur tout. Il souhaite convaincre son Fifi de venir s’installer ici.
Nous sommes passés devant le Jet, fermé le dimanche et nous avons fini sur la visite du Peyrou, le lieu de drague homo.
Le Peyrou, c’est notre Parc des Tuileries. A la différence que la journée, rares sont les homos qui s’y promènent de peur d’être reconnu. Aux Tuileries, le défilé est permanent. C’est un peu comme faire son marché de viande fraîche.
- Et ils font ça dehors, comme ça, derrière un arbre ? me demande Cathy, amusée mais très surprise.
Sa candeur me plaira toujours...

Vers dix sept heures, nous décidons de rentrer à l’appartement pour enfiler nos habits de lumière.
Ce soir, nous serons les plus beaux pour aller danser.
On ne badine pas avec le look !

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Sur l’écran du téléviseur, une foule hystérique en délire attend l’entrée de leur déesse. Innamoramento. Elle arrive par les airs tel un ange qui se pose doucement sur la scène de Bercy.
Le ton des préparatifs est donné. Mylène Farmer s’occupera de la partie musicale. Je gère les premiers verres de Pastis.
La fête peut commencer.
Cathy nous avoue que la star a vraiment un bon style.
Une idée géniale me vient ! Et si nous transformions notre amie en reine de la nuit ? Une façon d’éviter les commentaires désagréables de la veille.
Cathy accepte, ravie de changer son image. Elle deviendra ce soir notre poupée Barbie.
Perso, je décide de m’occuper de la coiffure, Matthieu se chargera du make-up et Romain aura la tâche ingrate de trouver parmi la garde-robe de Cathy une tenue de diva.
Cathy est sur son petit nuage !

J’ai toujours aimé m’occuper des cheveux des autres. D’ailleurs, la première chose que je regarde chez un garçon, ce ne sont ni ses fesses ni ses mains, ce sont ses cheveux. D’où ma vénération pour le gel !
Petit, toutes mes Barbie passaient entre mes doigts de coiffeur.
C’était catastrophique. Une fois relookées, mes poupées ne ressemblaient à rien. J’attendais alors le barbecue dominical pour les faire brûler vive comme des sorcières.
Exaspérée, ma mère finit par m’acheter des fausses Barbie à deux sous et trois centimes. Si l’espérance de vie de la chevelure longue et blonde de mes Barbie (les vraies, les belles) était de deux semaines environ, celle des Stella ou autre Rita ne durait pas plus d’une semaine.
Adolescent, j’ai même songé à devenir coiffeur, je serai devenu le coiffeur officiel de Madonna. Le rêve !
Un rêve de courte durée qui s’acheva par un :
- Mon fils, être coiffeur n’est pas un métier d’homme !
Variation sur le thème préféré de mon père : “tu seras un homme, mon fils”.
Comme si jouer à la poupée était un jeu de garçons !
Les doux paradoxes de mon éducation...

...Quand je pense à cette douce enfance, je me dis que je m’en suis pas mal sorti. Entre mon frère aîné (le gendarme hétéro de la famille) et moi, est née une petite merveille du sexe féminin. Aussitôt en vie, aussitôt sous terre. Le drame...
Le cours des choses prit une nouvelle tournure. Si le troisième bébé (moi, en l’occurrence) devait être un petit garçon, mes parents ont mis du temps à réaliser que je n’étais pas la réincarnation de la petite merveille. J’ai eu droit aux robes à dentelle que ma mère portait petite, à ses poussettes et mon passe-temps préféré était de leur faire le thé dans ma dînette en plastique. Adorable petite fille... Oui, mais je n’en étais pas une et quel ne fut mon traumatisme quand je réalisa que j’avais un zizi !
On m’aurait donc menti ? J’étais un vrai petit garçon comme mon frère qui jouait au soldat et au cow-boy... Je ne deviendrai jamais aussi belle que mon idole Sylvie Vartan ? (Mylène était encore trop jeune...).
Tout un monde s’écroula autour de moi.
J’ai mis du temps à m’en remettre. Je me répétais sans cesse que j’étais un petit mec, un petit mec, un petit mec...
J’aurai pu finir en superbe transsexuelle, mais à force de conviction, j’admis mon côté masculin.
Et avec les années, je mis les bouchées double par gourmandise de virilité...

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- Cathy, si tu bouges tout le temps, comment veux-tu que j’y arrive ? On ne t’a jamais dit qu’il faut souffrir pour être belle ?
Et une barrette là, et deux autres sous la nuque... Tu seras sublime et irrésistible, je te le promets!
Je me place juste en face d’elle pour la scruter d’un regard de connaisseur.
- M’ouais, pas mal du tout... La sœur jumelle de la Mylène ! Bon, un peu de spray et je t’abandonne pour le maquillage.
Je lui vaporise la moitié de la bombe de laque en insistant sur les pics qui partent dans tous les sens.
Je suis réellement fier de mon œuvre. Avec tout ce que je lui ai mis sur la tête, si le chignon se défait, promis j’achète un album de Lara Fabian.
Matthieu prend le relève.

Je les quitte pour servir une nouvelle tournée de Pastis. Romain a le nez dans le sac de voyage de Cathy. Il lève la tête vers moi. Sa recherche est vaine...
Il me sort, en faisant la grimace, un tee-shirt rose fuchsia, un pantalon caca d’oie, une grande jupe à fleurs, un chemisier en broderies. Mission impossible.
Il faut pourtant bien trouver une tenue qui aille avec le visage de star que nous lui créons !
Quand soudain, au fond du sac, il trouve la robe parfaite.
Victoire !
- Je crois que c’est sa robe de deuil... dis-je un peu gêné.
- Et bien quoi ? me demande Romain, elle enterre son look de fermière ? Non ?
Il n’a pas tort.
Cette robe fera double usage. J’espère qu’elle acceptera de la porter, juste le temps de la soirée.
- Bon, il va falloir penser à nous maintenant !
Je déconseille à Romain de mettre un tee-shirt trop échancré. En effet, s’il a tout du beau blond bronzé (merci l’agence de voyage Air France), il est trop poilu. Comme pour le maillot de bain de Matthieu, je lui prête un tee-shirt noir. En omettant volontairement de lui dire qu’il sera parfaitement assorti à Cathy.
Pour ma part, je fais de même. Nous serons tous en noir ce soir...
Comme ça, pas de jaloux. C’est décidé.
Cathy arrive dans le salon suivi par un Matthieu fier comme un coq. Il a de quoi être fier. Cathy est méconnaissable ! Il a un peu forcé sur les joues, mais, dans le monde de la nuit, tous les excès de ce genre sont permis. Il faudra juste qu’elle évite de se faire voir au petit matin.
Même si elle ressemble plus à Cher qu’à Mylène, Cathy est ravie d’être aussi belle, ravie de l’effet qu’elle nous fait.
Les filles ont cet avantage : un peu de maquillage et les voilà métamorphosées ! Même la fille la plus ordinaire peut se transformer en divine créature prête à emballer (regardez Vanessa Paradis).
D’accord, un point pour les femmes...
Mais bonjour la mauvaise surprise une fois démaquillée ! Le naturel revient au galop.
Nous n’avons pas ce genre de déceptions, nous, les garçons.
Et toc !
Voir Cathy aussi jolie me confirme ce que je ne cesse de lui répéter.
- Si tu faisais plus attention à ton apparence, tu ne serais plus célibataire. Tu as un potentiel ! A toi de l’exploiter !

Sa nouvelle beauté, aidée par le Pastis rend notre Cathy d’excellente humeur. Elle nous fait même une petite démonstration de pas de danse sur Sans Contrefaçon.
Elle accepte avec joie d’enfiler sa robe noire. Voilà, sa panoplie de femme objet est achevée.
- Maquillez-moi ! Coiffez-moi ! Habillez-moi ! Je suis votre poupée qui dit oui, oui, oui...
D’accord, mais on s’arrête là !

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Nous voilà en route pour le Café de la plage. En croisant notre image dans une vitrine. Je nous trouve parfaitement assorti. Les Dark Angels... La bombe incendiaire rousse, le blond nordique, le brun espagnol et le rouquin ébouriffé.
Quand on arrive en ville...
La terrasse du café n’est pas encore remplie mais il y a assez de monde pour que nos oreilles sifflent. Qu’elles sifflent, nous sommes devenus invulnérables !
Nous choisissons la table la plus stratégique. Celle qui se trouve à l’entrée du café. Ainsi nous sommes bien exposés aux yeux de tous et surtout nous voyons venir tous les nouveaux clients.
Nous trinquons pour la troisième fois de la soirée.
- A notre soirée ! A la fin du célibat de Cathy ! A Air France ! A Fifi à qui nous pensons très fort ! A Mireille qui nous surveille du paradis et à l’amour !

L’alcool nous entraîne dans l’univers merveilleux de l’ivresse.
Les blocages s’envolent, les rires se font plus bruyants et nos sujets de conversation se focalisent sur les mots “ bites” et “cul”.
Nous restons tout de même vigilants vis-à-vis des gens qui passent devant nous, il faut préserver notre standing.
Sous l’effet de l’alcool notre esprit critique est encore plus aiguisé. Gare aux fées...
- Tiens regardez qui arrive ! nous dit Cathy, oh non... il va casser toute l’ambiance !
Ce cher Didier... Seul. La petite fée de la plage a du disparaître par magie. Trois p’tits tours et puis s’en vont...
Comme à son habitude, quand il n’est pas entouré de petits jeunes, Didier porte toute la misère du monde sur son visage. A mon avis, les fées doivent lui sucer, à chaque rencontre, toute son énergie.
Il s’invite à notre table. Je lui en veux encore de nous avoir plantés à la plage. Je lui présente Romain qu’il n’avait jamais rencontré. Comme par enchantement, une étincelle de vie traverse son regard. Il vient de flasher sur notre steward.
- Enchanté, Yan m’a beaucoup parlé de toi. Alors, comment trouves-tu Montpellier ?...
Qui sait ? Un couple est peut-être en train de naître sous nos yeux ? Même si cela m’étonnerait fort de la part de Romain. Didier n’est pas du tout son genre d’homme. Trop âgé, trop mince, trop mollasson.
Toutefois, dans ces cas-là, le cœur a ses raisons que la raison ignore. Tout est possible... Antonio Banderas sort bien avec Mélanie Griffith !
Volontairement, Matthieu, Cathy et moi, nous décidons de parler de personnes qu’ils ne connaissent pas. Nous leurs laissons ainsi l’intimité qui est nécessaire pour la fameuse entrée en matière.


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Nous allons ensuite dîner au royaume local des fées, le Retro. La nourriture n’est pas excellente (voire carrément infecte) mais l’ambiance est détonante.
Le patron (enfin, la patronne) est la reine mère des fées, tous les clients l’appellent Sissi, en hommage à Sissi l’impératrice.
A Montpellier, sa réputation n’est plus à faire. A chaque soirée, il enfile une robe à frou-frou et court partout à la recherche de son Empereur d’Autriche...
Comme à son habitude, il est charmant. Il trouve Matthieu à son goût. C’est un bon point pour l’addition.
Nous parlons au cours de ce dîner du Pacs et de ses inconvénients. Comme tout bon alcoolique qui se respecte, nos discours sont farfelus et n’aboutissent pas à grand chose.
Didier ne sort pas un mot, il dévore des yeux son potentiel amant. Toujours présent pour lui allumer sa cigarette et pour lui remplir son verre. C’en est vexant pour nous !
Romain se réjouit de cette galante soumission. Satisfaction extrême à la fin du dîner. Didier lui paye sa part...
Cathy, trop ivre, accepte de payer sans nous faire son éternel sketch de l’addition.
- Non, je suis désolée mais je n’ai pris qu’un menu à soixante cinq francs ! ... Et, je n’ai pas touché à la deuxième bouteille !
Vive l’alcool !
Au contraire, elle serait prête à prendre l’addition dans son intégralité.
- Et si on allait danser ? Je me sens toute chaude ! s’exclame-t-elle.
Nous quittons le Retro en remerciant Sissi de nous avoir offert le vin. Merci Matthieu...


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