16/02/2003 - Georges Viguier
Enfin la liberté ! - Part 2

L'avion venait de faire sa troisième escale. Une dispute éclata peu de temps après le décollage. Il fallut que Nina intervienne, puis fasse venir le chef de cabine. Wu avait maille à partir avec une vedette de spectacle télévisé, genre cheveux jaunes trop longs qui frisaient dans le coup, le visage un peu mou, un type qui se croyait être le nombril du monde à qui tout est dû. Il occupait une place de première avec un billet de seconde. Wu l'avait prié de changer de place. L’homme l'avait insultée, prétextant que sa notoriété lui donnait le droit d'occuper cette place et pas une autre. Finalement le présentateur télé accepta de se déplacer, criant au scandale pour ne pas perdre la face. Il but une bonne dizaine de vodkas, se saoula copieusement, puis s'endormit. L'équipage retrouvait une tranquillité relative lors de la projection des films. On passait un franco-italien mal terminé comme on en voyait si souvent à la télé. Puis c'était au tour d'un film américain, ultra violent au scénario trop facilement prédictible. Les passagers semblaient apprécier ce genre de divertissement cinématographique, du moins les producteurs et la compagnie le croyaient. Nina en profita pour prendre un peu de repos, elle ne comptait pas ses efforts et n'avait pas observé la pause légale. Une nuit blanche et puis toutes ces heures de service debout avaient eu raison d'elle.

Dehors, la nuit était réapparue très vite. Il était peut-être vingt heures local. L'avion avait amorcé sa descente depuis une vingtaine de minutes, en phase d'approche. Nina distinguait maintenant les lumières de la ville, c'était magique son cœur battait la chamade. Elle allait poser le pied en Chine, pays rêvé, civilisation magique et terrifiante, attirante et si différente de la sienne. En sortant de l'appareil, Nina et Wu se quittèrent, promettant de s'appeler le lendemain matin. Wu avait pris connaissance de l'hôtel où résiderait Nina. Elles s'embrassèrent, puis chacune sauta dans un taxi. Celui de Nina se rendit à l’hôtel que la compagnie lui avait indiqué. Le chauffeur évita le circuit direct, celui qu'il empruntait à l'ordinaire.

Certaines avenues étaient interdites à la circulation, la grande place était impraticable à cause d’une manifestation de jeunes gens qui commémoraient bruyamment les événements de mai. C'était une ville étonnante, à vous couper le souffle quand on la traverse pour la première fois, surtout la foule des piétons si importante. Tout le monde marchait, courait même. Elle savait que les Chinois étaient nombreux mais à ce point là, jamais elle ne l'aurait imaginé. Le régime avait changé aussi. Le culte de la personnalité des dirigeants avait pratiquement disparu, jugé désuet, rétrograde. Toyota, Panasonic ou Coca-Cola se disputaient les espaces publicitaires. La Chine avait basculé vers un capitalisme effréné qui allait à l'encontre de ses idées reçues.

Arrivée à l'Hôtel, Nina entra dans un vestibule d'accueil gigantesque, envahi par des centaines de touristes américains, anglais et canadiens, quelques français aussi. C'était assommant tant cette foule était bruyante. Elle se présenta à l'accueil, dut attendre un long moment, puis vint son tour. Elle présenta son fax de réservation. Le maître d'hôtel, un homme visiblement marqué par les années, en prit connaissance. Il frappa quelques caractères hiéroglyphiques sur son clavier, chercha peut-être une réponse sur son écran puis décrocha le téléphone. Ses paroles étaient incompréhensibles. Elle se demandait pourquoi il fallait attendre si longtemps, pour une simple chambre. Elle était épuisée, voulait prendre un bain, dormir le plus longtemps possible. Le maître d'hôtel posa le combiné, s'adressa à Nina dans un jargon qu'elle ne comprit pas.

— Vous n'êtes pas enregistrée. Vous ne pouvez pas rester ici.
— Sorry, Could you speak English.
—  Vous n'êtes pas enregistrée. Vous ne pouvez pas rester ici.

Visiblement agacé le maître d'hôtel continua de déverser des flots de paroles incompréhensibles. Nina s'impatienta. L'employé aussi.

— Nobedrom. Nobedrom.

C'est à peu près les seuls mots d'anglais qu'il connaissait. Nobédrom.

— Ok You say no bedroom. Why not ?

Le vieux ne dit rien, Il y avait une difficulté. Un autre homme, genre jeune cadre dynamique sorti tout droit d'un institut américain pour futurs Traders, rembarra violemment le vieil homme, prit sa place et dit dans un anglais parfait.

— So sorry Madam, we don't have any track of your reservation. My hotel has been fully booked for several days. I suggest you contact our fellow-members. Here are some addresses. Have a nice stay in China.

Nina prit le dépliant. Elle était interloquée. L'homme s'éclipsa sans rien ajouter de plus. Elle s'adressa de nouveau au vieux maître d'hôtel qui lui répondit invariablement la même phrase Nobédrom, Nobédrom, affectant un air de constriction forcé. Furieuse, Nina prit sa valise, renversant un fauteuil de bar, sortit de l'hôtel puis héla le premier taxi venu, présenta une adresse prise au hasard sur son dépliant, adresse à laquelle il devait se rendre et dit sur un ton peu aimable.

— Go at this address.
— Yes Madam, yes Madam.

Ils s'y rendirent, en silence. Elle se présenta à la réception, et à sa grande déception, le même problème se présenta. Pas de place, l'hôtel était complet, comme le précédent. Nina reprit son taxi, ils firent trois ou quatre autres établissements, complets eux aussi. Désemparée, elle ne sut plus que faire. Elle demanda au chauffeur de rouler un peu, où il voudrait, il fallait qu'elle retrouve son calme, réfléchisse. Elle n'avait pas parlé anglais depuis son séjour aux USA, elle parlait avec quelques difficultés, cherchait ses mots à chaque phrase. Celui du chauffeur était encore plus mauvais que le sien.

— Drive me to a hotel where there might be free rooms, even of more modest category ?

Le chauffeur répondait invariablement Yes Madam à toutes les questions qu'elle posait. Nina se demandait s'il comprenait bien. Le compteur tournait vite, la note serait élevée. Les rues étaient embouteillées de milliers de vélos, de scooters, des voitures américaines et japonaises et quelques grosses cylindrées allemandes, des camions civils et des convois militaires. L'air y était irrespirable et le niveau sonore assourdissant, des klaxons, des pots d'échappement libre, la rumeur de la foule si intense. Cette ville était conforme aux mégalopoles des pays en voie de développement, toutes identiques, trop de monde, trop de deux-roues. Le touriste qui s'attend à trouver une ville typiquement chinoise est déçu. Pékin ressemble aujourd'hui plus à une cité occidentale qu'au « Pékin » des livres d'histoire dont Nina se souvenait. Les contrastes étaient saisissants entre les nouveaux riches, des jeunes gens habillés très fashion et les anciens vêtus de vieux costumes bleu col Mao. Le temps était maussade, la pluie tombait doucement, le fond de l'air était un peu frais pour cette fin de mai. Le chauffeur voulut lui faire comprendre qu'il y avait une exposition internationale à Pékin cette semaine et qu'il serait très difficile de trouver de quoi se loger.

— Yes Madam, Exibition, exibition. Hotels full, No room, full Madam.

Ce qu'elle voulait dans l'immédiat, était de pouvoir enfin se reposer, retrouver un bon lit et dormir douze heures d’une traite. Nina ne se découragea pas. Elle se fit conduire dans un quartier plus populaire, ne trouva là aussi que des portes closes, des hôtels complets. Impatienté par toutes ces allées et venues, le chauffeur présenta à Nina le montant de sa course.

— Pay me Madam, pay me, now.
— Ok, ok !

Dit-elle avec agacement. Elle prit le billet, trouva la note salée, quarante dollars. Quand brusquement elle se souvint d'avoir oublié de prendre des devises, des dollars surtout.

— Qu’elle sotte je fais. Sorry, I don't have any money. Where is a bank ?
— Yes Madam, Yes Madam.

Le chauffeur souriant comme un imbécile heureux désignait l'immeuble de la Chess M. Bank.

— Yes Madam, Here bank for you, American bank. Ok.

Nina sortit précipitamment du taxi, traversa la rue, se dirigea vers un distributeur de billets de banque. Il y avait quelques personnes qui attendaient, des touristes, des Chinois. Nina patientait, sous la pluie, sans parapluie ni imperméable. Elle avait quitté la France sous un magnifique soleil d'été, et avait eu l'imprudence d'emporter trop peu de vêtements chauds. Quand vint enfin son tour, Nina voulut prendre son portefeuille. Elle ne le trouva pas. Il n'était pas dans son sac de sport, rien, pas même ses papiers, son passeport, sa carte Visa. Dans ses poches non plus, rien. Derrière elle, les clients s'énervaient. Elle renversa rageusement son sac sur le comptoir. Rien, puis soudain elle se rappela avoir laissé le reste de ses bagages, son porte-cartes, sa petite valise sur le siège arrière du taxi. Il devait l'attendre en face. Elle le chercha d'un coup d'œil, une Toyota blanche et bleue. Il quittait le stationnement, trois clients étaient à son bord. Elle courut après, en pleine rue, lui faisant des signes désespérés, le héla de toutes ses forces.

— Hé ! Arrêtez, arrêtez. Stop !

La Toyota avait filé dans une rue voisine, disparu. Poussée par la surprise et la peur, Nina continua de courir derrière lui, en pure perte, puis s'arrêta, complètement essoufflée éberluée par ce qui lui arrivait, posa son sac à même le sol. Elle était en plein milieu de l'avenue, des klaxons l'invectivaient. Très rapidement, un policier arriva sur elle, la prit par le bras et la conduisit rudement sur le trottoir. L'homme agitait un carnet sous son nez. Elle compris qu'elle devait présenter son passeport. Elle essaya en vain de lui faire comprendre qu'elle ne l'avait plus.

— I lost my passport, Sorry, désolée. Lost ! Comprenez-vous ? To lost, espèce de sal type.

Ignorant les explications de Nina, le policier insistait avec le même entêtement. Elle essaya d'imiter les gestes de quelqu'un qui se faisait voler son sac. L'agent toujours aussi buté, ne voulait rien entendre de ses explications. Excédée, elle tourna le dos au fonctionnaire et partit. Celui-ci la rattrapa. Nina insista grossièrement en lui disant en anglais, en français puis en espagnol qu'elle avait oublié papiers et bagages dans le taxi et qu'elle ne pouvait pas les lui montrer.

— Espèce d'idiot, vous ne comprenez donc pas ce que je veux dire, plus de portefeuille, plus de papiers, tout à disparu. Passport, Goodbye, salut, adiós.

L'homme montrait quelques signes d'impatience, ulcéré par tant d'irrespect et d'arrogance de la part d'une touriste et d'une femme de surcroît. Il la prit par les épaules et la secouant violemment. Fatiguée, à bout de nerf, Nina perdit tout contrôle d'elle-même. Elle le gifla, le coup claqua sec. L'incident avait provoqué un attroupement de curieux. Les hommes riaient et se moquaient de Nina. Les femmes, plus discrètes, l'observaient avec l'air de dire qu'elle avait du caractère, mais qu'elle allait le payer cher, très cher. En chine, on ne défit pas l'autorité, on s'y soumet sans réserve, on la respecte et on la craint. Parce que le policier ne voulait pas perdre la face devant ses congénères, il sortit son arme de service, la braqua face à Nina, lui fit des signes de se coucher à terre. Nina était subjuguée, elle qui venait de perdre ses papiers, son argent, ses affaires dans un pays qui n'était pas le sien, avec une langue qu'elle ne connaissait pas et cet ignoble flic, ce crétin en service qui lui ordonnait de s'allonger sur un sol trempé, c'était plus qu'elle ne put endurer. L'instant d'après, Nina avait le nez cloué contre le pavé mouillé et froid, deux militaires la maintenaient plaquée fermement, les badauds riaient de plus belle.

On lui menotta les mains et les jambes. Les deux soldats la hissèrent à l'arrière d'un camion bâché sans plus d'attention qu'ils auraient eus pour un condamné à mort. Assise à l'arrière, deux fusils braqués sur elle, ils traversèrent ainsi des kilomètres de rues, d'avenues, de voies parfois bituminées, parfois de terre battue, jusqu'à un bâtiment gigantesque sorti tout droit d'une l'époque stalinienne. La situation s'aggravait de minute en minute sans qu'elle put y remédier.

Au poste de police, Nina du attendre un très long moment, assise sur un banc de bois, immobile peut-être deux heures ou davantage. Elle était menottée comme une vulgaire voleuse, ce qui augmentait terriblement son mécontentement et son angoisse. Elle avait faim et froid, elle était trempée, sale et fatiguée. Une femme en uniforme lui fit signe de se lever, de la suivre. Ses jambes entravées ne lui permettaient pas d'aller aussi vite que l'aurait souhaité la garde qui la fit entrer dans un bureau, la plaça devant une chaise et lui cria un mot incompréhensible. Nina devina qu'il fallait qu'elle s'assoit. Un homme lui adressa la parole en Français.

— Bonjour Madame. J'espère qu'on ne vous à pas maltraitée.

Il avait une allure athlétique, un regard intelligent. Cet homme était cultivé et courtois. Il portait des petites lunettes cerclées de métal. Il s'inclina poliment devant elle, lui présenta quelques excuses convenues, puis se mit à hurler en direction du couloir. Nina sursauta, quelqu'un entra aussitôt en claquant des talons, fit quelques courbettes, délivra Nina de ses menottes. Il se redressa prestement, partit à reculons jusqu'à la porte de verre en saluant toujours humblement.

— Veuillez excuser la conduite de notre agent de la circulation. C'est un jeune fonctionnaire un peu trop zélé. Il sera puni pour sa brutalité et son absence de discernement envers la touriste que vous êtes.
Nina voulut parler, expliquer sa situation mais l'homme l'en empêcha d'un geste bref. Son sourire était large, dégageant de magnifiques dents blanches, rangées comme un collier de perles fines.

— Nous n'ignorons pas que vous êtes française Mademoiselle. D'ailleurs pourquoi aurai-je parlé français à une américaine ou une allemande ?
— Madame.
— Pardon, Madame. Nous ne vous poursuivons pas pour l'agression sur notre agent de la circulation. Il s'est montré stupide et aurait dû vous aider plus que vous importuner. Je ne me souvenais plus que vos manières typiquement françaises, votre sens abouti de l'ordre avait atteint un tel degré de finesse. Une femme chinoise n'aurait jamais oser gifler un homme en public, encore moins un policier en uniforme et en service. Par cette petite hardiesse, vous avez montré beaucoup d'indiscipline. Ainsi, vous n'avez pas respecté nos usages, nos coutumes que vous jugez certainement archaïques. N'est-ce pas ?

Nina voulu apporter quelques réponses, s'excuser même. De nouveau, son interlocuteur l'en empêcha.

— Combien vous êtes impressionnante et rayonnante de beauté quand vous vous montrer stupidement arrogante.
— Pardon ? Excusez mon attitude mais...
— N'en dites pas davantage. Vous aller aggraver votre cas, certes mineur mais n'en dite pas plus. Vous aurez à payer une amende forfaitaire et ensuite vous pourrez repartir très vite. Je suis infiniment désolé pour vous, c'est la loi et personne ici ne peut la transgresser.
— Monsieur, moi aussi je suis confuse. Je ne peux pas payer cette amende forfaitaire. Je vous ai déjà dit avoir oublié mes papiers, toutes mes affaires, dans un taxi blanc, une Toyota je crois. Je n'ai plus d'argent, plus de passeport. Que voulez-vous que je fasse maintenant ?
— Si vous ne payez pas nous serons obliger de doubler son montant ou de vous garder à vue, comme vous dites en France, seulement quelques heures ou quelques jours, le temps de régler votre dette, accomplissement quelques travaux collectifs, ce qui est une autre loi dans notre pays. Nous ne faisons pas attendre les sanctions, les châtiments, vous avez du le voir sur vos écrans de télévision. Quand un homme est condamné à mort en Chine, il est exécuté sur le champ. Ainsi il n'a pas le temps de souffrir. C'est mieux pour lui et moins dispendieux pour nos contribuables.

L'homme s'exprimait avec un petit accent qui étonnait Nina, peut-être l'accent du sud de la France, oui c'était l'accent de Marseille, ce qui était curieux en cet endroit si éloigné de la France. Ses paroles glaça Nina. A certains moments il pouvait être d'une politesse trop révérencieuse et à d'autres d'un cynisme froid. Il ne semblait pas comprendre le problème de Nina, du moins c'est ce qu'il voulait lui faire croire.

— Monsieur l'agent de police, je vous en prie.
— Pardon Madame, je ne suis pas policier. Je représente seulement le gouvernement de la Chine Populaire. Puisque vous ne pouvez pas payer cette amende, alors connaissez-vous au moins quelqu'un qui pourrait s'en acquitter ?
— Non, malheureusement pas. Je ne connais personne.

Nina se reprit. Elle avait oublié sa collègue, Wu, peut-être sa planche de salut. Whu la sortirait de cette minable affaire. Nina se ressaisit rapidement, s'adressa au fonctionnaire avec un sourire presque triomphant.

— Pardon Monsieur, j'avais oublié Wu, une collègue de ma compagnie, une hôtesse chinoise. Elle a de la famille dans votre pays, à Pékin je crois. Je vais vous donner son numéro de téléphone où je peux la joindre.
L'homme afficha un air entendu, petit sourire insolent qui ne laissait aucun doute au peu de fois qu'il apportait aux propos de Nina. Elle chercha dans ses poches de veste. Rien, elle ne retrouva pas trace du petit morceau de papier que Wu lui avait remis dans l'avion. Elle chercha ailleurs, dans toutes ses poches. Rien, rien. Elle l'avait perdu.

— Je suis désolée Monsieur, je ne retrouve pas ce numéro de téléphone. Elle me l'avait pourtant donné dans l'avion. Je ne sais pas où elle habite, peut-être chez ses parents. Elle s'appelle Wu DanuLi, un nom comme ça, approchant, ou Wu Dan in, je crois.
— Ce n'est pas un nom d'origine chinoise. Et puis, il y a tellement de gens qui pourraient avoir se nom là. C'est regrettable que vous ne sachiez pas où elle habite. Dans ce cas, je ne peux pas vous laisser libre de sortir sans papier, sans argent, c'est impossible ici. Vous comprendrez que nous avons des lois strictes mais des lois bien faites et valables pour tout le monde, y compris les étrangers, même les jolies petites françaises, hôtesse de l'air de surcroît, c'est du moins ce que vous prétendez être, n'est-ce pas ?
— Mais, enfin. Vous êtes impossible avec votre rigueur et votre manque de compréhension chronique. Si je vous dis que je suis hôtesse de l'air, que je m'appelle Nina Charles. Vous n'avez qu'à téléphoner et vous verrez ce qu'ils vous diront.

Nina était hors d'elle. Elle avait affaire à un type de mauvaise fois, buté, zélé, obtus. Il fallait qu'elle adopte une autre stratégie, qu'elle fasse autre chose et surtout qu'elle ne l'insulte pas. Une gifle, c'était déjà beaucoup. Elle décida d'user de ses charmes. Apparemment, l'homme n'y était pas insensible, les femmes le devinent aux premiers regards. Elle croisa ses mains dans son dos, respira à fond, retint son souffle puis expira très doucement en regardant le type droit dans les yeux. Elle se redressa pour faire ressortir sa poitrine, affecta le plus joli sourire qu'elle se connaissait, croisa les jambes en remontant légèrement la jupe de son uniforme et dit d’une voix la plus charmante possible à la limite de la caricature Hollywoodienne.

— Cher Monsieur le représentant du gouvernement de la Chine populaire, je vous en prie, soyez gentil, téléphonez à ma compagnie à l'aéroport.
— Je constate pour mon plus grand plaisir que votre compagnie sait recruter des éléments de valeur. Je veux bien essayer, uniquement pour vous être agréable, uniquement parce que c'est vous.
— S'il vous plait Monsieur le représentant du gouvernement.

Nina en faisait un peu trop ce qui n'échappa pas à ce fonctionnaire Il se leva, posa ses lunettes, prit un dossier, se mit à hurler à l'adresse du garde. L'homme de faction entra, se figea dans un garde-à-vous impeccable. Tous deux échangèrent quelques mots incompréhensibles pour Nina, puis la laissèrent seule.


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