08/06/2003 - Gilles Béreszynski
Deuxième chance - Ed se lève

Ed se lève. Il a mal dormi. Il fait froid aujourd'hui et Ed s'empresse de mettre son peignoir. Il va dans la salle de bain et prend une douche bien chaude. Il a horreur de ça. Une fois habillé, il prend son petit - déjeuner - sans - saveur biscotte et café, attrape ses clés accrochées au mur à côté de la porte et sort la voiture du garage. Il pleut. C'est démoralisant.
Il sort de son allée en marche arrière et emprunte la route pour aller au boulot. Toujours la même rengaine. Mais bon, il est bien obligé. Sauf que cette fois-ci, en l'espace d'une seconde d'inattention il percute une autre voiture au croisement de sa rue. Sa tête percute violemment le volant ; quelle connerie, il avait oublié de mettre sa ceinture !
Il fait noir à présent et seuls quelques sons parviennent aux oreilles d'Ed. De petits bruits d'appareils électroniques accompagnés de quelques sonorités humaines incompréhensibles. Puis soudain, une immense douleur à l'abdomen. Une douleur qui parcourt son corps jusqu'au bout des doigts. Puis une autre douleur encore plus forte que la première. Une troisième...
Tout devient inaudible, sans saveur ni odeurs. Puis c'est tout...

Ed se lève. Il a passé une mauvaise nuit. Il fait froid aujourd'hui et Ed s'empresse de mettre son peignoir. Il va dans la salle de bain et prend une douche bien chaude. Il a vraiment horreur de ça. Une fois habillé, il prend son petit - déjeuner - sans - saveur biscotte et café, attrape ses clés accrochées au mur à côté de la porte et sort la voiture du garage. Il pleut. C'est tellement démoralisant.
Il sort de son allée en marche arrière et emprunte la route pour aller au boulot. Toujours la même rengaine. Mais bon, il est bien obligé. Soudain, une mauvaise impression le tire de sa nonchalance. Il a une impression de déjà vu déjà vécu. Il freine d'un coup sec et sa voiture glisse sur la chaussée mouillée. Le véhicule s'arrête à hauteur du stop au niveau du carrefour. Un bolide passe en klaxonnant à quelques centimètres de la voiture d'Ed.
Ouf ! Il a eu chaud. Il remarque qu'il n'avait pas mis sa ceinture de sécurité. Quelle idiotie !
Ed reste prudent tout le long du trajet et s'efforce de garder les yeux ouverts. Il arrive devant son immeuble bardé de bureaux qui eux sont bardés d'agents d'assurance. Il se gare à sa place habituelle. Il remarque que la façade de l'immeuble est en travaux. Il avance vers l'entrée et à cet instant, il entend une voix disant de se reculer. La voix vient d'en haut. Ed lève la tête et...
Il sent un objet lui tomber sur le crâne. Puis c'est le trou noir.

Ed se lève. Il a vraiment mal dormi. Il fait vraiment froid aujourd'hui et Ed s'empresse de mettre son peignoir. Il va dans la salle de bain et prend une douche froide. Il en a marre des douches chaudes. Une fois habillé, il prend son petit - déjeuner - sans - saveur biscotte et café, attrape ses clés accrochées au mur à côté de la porte et sort la voiture du garage. Il pleut. C'est un temps à pleurer.
Il sort de son allée en marche arrière et emprunte la route pour aller au boulot. Toujours la même rengaine. Mais bon, il est bien obligé. Il démarre quand soudain une mauvaise impression le tire de sa nonchalance. Il a une impression de déjà vu déjà vécu. Quelque chose l'interpelle. Il s'arrête en bout d'allée. Il a oublié de mettre sa ceinture. Ca ne lui ressemble pas d'oublier ce genre de chose. Il redémarre et s'arrête au carrefour. Un bolide lancé à pleine allure passe comme un fou furieux.
Il est malade ce type ! Espérons qu'il ne provoque pas d'accident ce con !
Ed reste prudent tout le long du trajet et s'efforce de garder les yeux ouverts. Il arrive devant son immeuble bardé de bureaux qui eux sont bardés d'agents d'assurance. Il se gare à sa place habituelle. Il remarque que la façade de l'immeuble est en travaux. Il avance vers l'entrée et une seconde impression lui dicte inconsciemment de ne pas passer sous l'échafaudage. Il regarde de loin et soudain un paquet de briquettes tombe lourdement au sol. Un ouvrier en haut regarde si personne n'a été blessé.
Décidément, c'est son jour de chance à Ed. Deux catastrophes évitées en l'espace de quelques heures !
Il entre dans l'immeuble en saluant la standardiste, prend l'ascenseur jusqu'au sixième. Il emprunte le couloir principal, un virage à gauche puis à droite et le voilà arrivé à son box. Il déteste son box. Il déteste son boulot. Toujours les mêmes gestes et les mêmes paroles, les mêmes formulaires et les mêmes personnes que l'on croise...
Un vrai boulot de merde. Puis le temps passe et l'heure du déjeuner arrive. La cafétéria est remplie. Il faut trouver une place. Ed passe entre les tables et s'assied. Il contemple son plateau. Tout en mangeant, il rêvasse.
Puis soudain, il n'arrive plus à respirer. Il sent quelque chose au fond de sa gorge. Il tombe de sa chaise, gigote un moment. Personne ne vient l'aider. Tout le monde se recule, effrayé. Il s'arrête enfin de bouger. Sa vue se brouille, ses sens le quittent. Il reste étendu là, les yeux ouverts...

Ed se lève. Il a passé une nuit horrible. Il gèle aujourd'hui et Ed s'empresse de mettre son peignoir. Il va dans la salle de bain et prend une douche glacée. Il n'en peut plus de prendre des douches au matin. Une fois habillé, il prend son petit - déjeuner - sans - saveur biscotte et café, attrape ses clés accrochées au mur à côté de la porte et sort la voiture du garage. Il pleut averse. C'est un temps suicidaire.
Il sort de son allée en marche arrière et emprunte la route pour aller au boulot. Toujours la même rengaine. Mais bon, il est bien obligé. Il met sa ceinture, démarre. Il a une impression de déjà vu déjà vécu. Il vérifie si sa ceinture est bouclée. Ca ne lui ressemble pas d'oublier ce genre de chose. Il s'arrête au carrefour. Un bolide lancé à pleine allure passe comme un fou furieux.
Il est malade ce type ! Il n'a qu'à se planter contre un arbre ce con !
Ed reste prudent tout le long du trajet et s'efforce de garder les yeux ouverts. Il arrive devant son immeuble bardé de bureaux qui eux sont bardés d'agents d'assurance. Il se gare à sa place habituelle. Il faut faire attention, la façade de l'immeuble est en travaux. Il avance vers l'entrée et crie à l'un des ouvriers de faire attention avec les paquets de briquettes. L'ouvrier en haut regarde son matériel et replace un paquet de briquettes au milieu de l'échafaudage.
Il entre dans l'immeuble en saluant la standardiste, prend l'ascenseur jusqu'au sixième. Il emprunte le couloir principal, un virage à gauche puis à droite et le voilà arrivé à son box. Il hait son box. Il hait son boulot. Toujours les mêmes gestes et les mêmes paroles, les mêmes formulaires et les mêmes personnes que l'on croise...
Un vrai boulot de merde. Puis le temps passe et l'heure du déjeuner arrive. La cafétéria est remplie. Il faut trouver une place. Ed passe entre les tables et s'assied. Il contemple son plateau. Il a mal à la gorge. Il préfère ne pas manger tout compte fait. Quelque chose lui coupe l'appétit.
Il décide de reprendre plus tôt le boulot. Se faisant, il emprunte les escaliers pour une fois. Dans sa maladresse, son pied glisse d'une marche. Il s'écroule lourdement et roule en bas des escaliers. Il entend son corps craquer et ses os se broyer. Puis soudain, une perte de douleur dans le corps et la perte de conscience...

Ed se lève. Il n'a pas dormi de la nuit. Il fait un froid hivernal aujourd'hui et Ed s'empresse de mettre son peignoir. Il va dans la salle de bain et préfère s'habiller directement. Au diable la douche ! Il prend son petit - déjeuner - sans - saveur biscotte et café, attrape ses clés accrochées au mur à côté de la porte et sort la voiture du garage. Dehors, c'est le déluge. L'enfer doit être ici-bas.
Il sort de son allée en marche arrière et emprunte la route pour aller au boulot. Toujours la même rengaine, mais il ne sera plus obligé bien longtemps. Il décide de ne pas mettre sa ceinture et démarre. Pour une fois, il n'emprunte pas le même itinéraire que d'habitude. Il passe par les petits chemins. C'est plus agréable.
Il arrive devant son immeuble bardé de bureaux qui eux sont bardés d'agents d'assurance. Il se gare à une autre place que celle d'habitude. Il sait que la façade de l'immeuble est en travaux. Il passe par l'arrière du bâtiment.
Il entre dans l'immeuble en ne saluant personne, prend l'ascenseur jusqu'au sixième. Il emprunte le couloir principal, un virage à gauche puis à droite et le voilà arrivé à son box. Il saccage son box et décide de quitter son boulot. Il en a marre à force de côtoyer les mêmes imbéciles, de remplir les mêmes formulaires, de serrer les mêmes mains...
Ce n'est pas humain comme travail.
Il rentre chez lui, satisfait.
Sur le chemin du retour, il ne fait attention à rien et surtout pas à cet imbécile qui roule plein gaz en contresens. En voulant l'éviter, Ed braque au dernier moment et fait un tête à queue sur la route glissante. La voiture derrière lui fonce dans un arbre et le bolide rentre de plein fouet dans la voiture D'Ed. Ed se retrouve coincé dans sa voiture. Il a mal partout. Une odeur de brûlé stimule les narines. Le véhicule prend feu et Ed ne peut se dégager. Il aurait mieux fait de rester couché aujourd'hui. Il sent la chaleur s'approcher ainsi que les flammes venant lécher son corps meurtri.
Au loin, on aperçoit un incendie sur cette route de campagne. Et on peut entendre un cri, féroce et douloureux, d'un homme pris dans les flammes de l'enfer, dans les flammes du destin.

Non, décidément ! Le destin s'efforce de nous donner la chance de pouvoir recommencer, mais ce qui doit arriver arrive. Et Ed doit mourir...


Réagir à ce texte (e-mail à l'auteur) :
Prénom (obligatoire) :
Nom (obligatoire) :
E-Mail (obligatoire) :
Votre commentaire :

      


http://www.babelweb.be • Babelweb © 2001 - 2013 tous droits réservés