Le Major-Général Galhéone regardait avec fierté les trente hommes et femmes rassemblés dans la vaste salle de repos du pont 18. Plusieurs heures lui avaient été nécessaires pour réunir un groupe qui correspondait au mieux à ses critères de sélection.
Mais le temps consacré à cette tâche lavait été judicieusement, car pas un seul dentre eux navait cillé ou même renoncé lorsquil avait déclaré avoir besoin de volontaires, pour la téméraire mission dont il venait de leur dévoiler les grandes lignes.
Trente pilotes, cela peut paraître beaucoup, mais cela lui laissait également une marge de manuvre suffisamment importante pour son choix définitif.
Mesdames, Messieurs, comme vous le savez, je ne suis pas quelquun de très expansif. Toutefois, je voudrais vous remercier tous sincèrement de vous être portés volontaires. Mais, je voudrais aussi vous rappeler que je nai au final besoin que de quatre hommes : Léquipage principal et celui de réserve. Donc, je vais malheureusement devoir faire vingt-six frustrés ! (Les pilotes rirent de bon cur. Ce qui ne leur était pas arrivé depuis quelque temps déjà). Quant aux quatre veinards, je les avertirai personnellement. Voilà, ce sera tout Messieurs. Je vous laisse à vos divertissements et noubliez pas de me faire parvenir laddition !
Juste avant de quitter la pièce, il se retourna une dernière fois vers ses hommes et leur dit, avec une pointe dhumour dans la voix :
Mais, nexagérez pas ! je ne suis pas aussi riche que certains dentre vous voudraient bien le croire !
Cette dernière phrase eut le don de provoquer un nouvel éland dhilarité parmi les pilotes.
Il regagna ses quartiers et se remit immédiatement au travail. Contrairement à ce quil redoutait, il neut pas besoin dy consacrer encore un nombre important dheures. Grâce à laide de Krell, sa liste ne comporta rapidement plus que quatre noms. Parmi ceux-ci, figurait celui du Major Valkovir.
Le fait que ce dernier ait été sélectionné par limpitoyable logique de Krell lembarrassait quelque peu. Il ne rentrait pas dans ses projets de risquer la vie de son meilleur chef descadrille. Il fallait faire quelque chose et il le convoqua en premier, bien décidé à tout faire pour le dissuader. Il aurait bien sûr pu dire à Krell de choisir un autre pilote figurant dans la liste, mais Valkovir était suffisamment intelligent pour savoir quil faisait partie des sélectionnables.
Keldan avait autorisé des vols dentraînement aux alentours de lAtaraxia, histoire doccuper ses pilotes. Valkovir venait tout juste de rentrer de lun deux, lorsquon lui apprit quil était attendu par le MG. Sans prendre la peine de désactiver sa bio-combi de vol, il se rendit immédiatement chez Galhéone. Une fois entré et sans en attendre lautorisation, il sassit dans lun des deux confortables sièges faisant face au bureau blanc derrière lequel se tenait, également assis, le Major-Général. À ce moment-là, il saperçut quil navait pas désactivé son casque. Il appuya sur lun des senseurs de son bracelet de vol et aussitôt, grâce à un complexe processus moléculaire, son casque sescamota dans sa combinaison. Galhéone se cala contre le dossier de son fauteuil et attaqua sans préambule :
Val, je ne peux te laisser participer à la mission. Jai trop besoin de toi pour les « Saphirs ».
Ça, cest des sornettes Norto ! lui rétorqua Valkovir, masquant difficilement son irritation.
Thoren est aussi apte que moi à diriger cette escadrille et tu le sais très bien ! Non, ce qui se passe cest quaprès tout ce temps, tu culpabilises encore davoir eu cette promotion, alors quelle métait destinée. Tu crois que je nai pas remarqué que depuis ce jour, tu fais tout pour méviter les missions tordues ! Mais laisse-moi te rappeler quelque chose : Cette promotion, cest moi qui lai refusée, car ce qui mintéressait, cétait de voler avec mes gars. Je nétais et je ne suis toujours pas fait pour la bureaucratie, tout comme toi ! Mais ils tont nommé et tu as accepté ! Donc, tu nas absolument rien à te reprocher ! Quand enfonceras-tu ça dans ton crâne de Talijien ?
Le guerrier de Talis ne répondit pas immédiatement et Valkovir en profita pour argumenter de plus belle.
Norto
on se connaît depuis bien des années toi et moi. Ensemble, nous avons vécu des choses que la plus part des gamins que jai sous mes ordres ne peuvent même pas imaginer ! Alors, ce nest pas cette mission-là qui va me faire peur ! De plus, je nai pas de famille, aucune attache sentimentale. Cela fait de moi le volontaire idéal ne trouves-tu pas ?
Tu tiens vraiment à y aller nest-ce pas ? Et ceci malgré lénorme risque que toi et ton copilote allez encourir.
Un peu que je tiens à y aller ! Après tout, la « bulle » spatio-temporelle, cest mon idée et je veux personnellement vérifier la véracité de mon hypothèse.
Tel que je te connais, rien ne pourra te faire changer davis nest-ce pas ?
Absolument rien !
Le Major-Général se résigna.
Dans ce cas
Major, vous êtes notre premier volontaire.
Valkovir se leva, affichant un sourire radieux :
Je te revaudrais ça Major-Général. Au fait, qui sont les trois autres encore en course ?
Comme je pensais pouvoir te raisonner, ils sont encore quatre. Je nai pas fait mon choix définitif.
Son chronodex de poignet indiquait 20.45 lorsque Keldan appela le département cybernétique. La représentation holographique du séduisant visage de Kitara apparu bientôt.
Kitara ! Vous êtes encore là !
Il le faut bien ! Jai un Tx-28 à remettre sur pied et le reste de léquipe a terminé sa journée.
Dois-je en conclure que la Scienti est également absente ?
Elle ! Oui en effet, vous la trouverez chez le Scienti Bechlatt.
Vous voulez dire à son laboratoire dexpérimentation ?
Non, non ! jai bien dit CHEZ le Scienti
dans ses quartiers privés.
Qua-t-elle bien pu aller faire là-bas ? dit-il dun ton soupçonneux.
Ça, je nen ai aucune idée ! Tout ce que je sais, cest quelle a expédié toutes ses tâches de la journée à une vitesse incroyable et que vers 18.30, elle ma demandé si ça ne me dérangeait pas de terminer seule la remise en état de cette unité TX-28.
Voilà un comportement des plus singuliers.
Il commençait a se poser des questions, car il navait pas oublié la façon dont Vanhéa, le matin même, avait été quasiment hypnotisée par Silas.
Un sentiment quil navait pas éprouvé depuis très longtemps simmisçait sournoisement en lui, un sentiment qui, il le savait était lun des plus destructeurs : La jalousie.
Il navait pas encore analysé ce quil éprouvait réellement pour elle. Au départ, seule une attirance physique les avait rapprochés, témoin la mémorable nuit quils avaient passée ensemble ! Mais était-il vraiment amoureux de cette femme ? Rien nétait moins sûr ! Certes, elle portait son enfant et il avait accepté la situation, mais était-il prêt ? La question resta en suspens.
Merci Kitara, je vais lappeler là-bas. Bon courage pour le TX28 !
Merci, mais jai presque terminé. Oh ! Juste une dernière chose.
Je vous en prie.
Sans aucunes explications, nous avons reçu pour instruction de stopper la reprogrammation des droïdes, je nai pas très bien compris pourquoi ?
Tout simplement parce que nous nenvoyons plus de droïdes, mais des pilotes humains. Nous ne sommes pas affectés par la limite « saphir » alors cest la solution la plus logique.
Mais
cest terriblement dangereux !
Eux et moi en sommes parfaitement conscients, soyez-en sûre ! Mais nous navons pas dautre choix je le crains, il nous faut absolument savoir ce quil y a au-delà de cette limite.
Jespère que ça marchera
Cest ce que nous espérons tous ma chère. Je vous souhaite une bonne nuit.
Bonne nuit, Amiral.
Immédiatement après, il appela chez Silas qui ne répondit quaprès plusieurs tentatives :
Bonsoir Scienti Bechlatt, excusez-moi de vous déranger durant votre repos, mais on ma informé que je pourrais trouver la Scienti Naudanlhia dans vos quartiers, est-ce le cas ?
Cest exact Commandeur, elle est là et si vous désirez lui parler, je vous la passe, elle est juste à côté.
Je vous remercie.
Le visage de Bechlatt fut rapidement remplacé par celui de la jeune femme.
Commandeur, que puis-je pour vous ? Elle employait un ton volontairement détaché et il le remarqua.
Vanhéa, lorsque vous en aurez terminé chez le Scienti Bechlatt, pourriez-vous je vous prie, avant de regagner vos appartements, faire un détour par mon bureau de commandement, car je voudrais vous parler dun problème concernant la reprogrammation des androïdes.
Mais, je croyais que les androïdes
Passez me voir et vous obtiendrez des éclaircissements.
Mais
je
Passez me voir cest un ordre ! le ton était sans appel.
Bien, si cest un ordre
rétorqua-t-elle la voix pleine de défi.
Je vous attends. Et il stoppa la communication.
Vanhéa regarda Silas dun air incrédule.
Je crois que, comme lon dit sur Atariss, vous allez passer un sale quart dheure !
Silas, vous promettez de ne parler de ça à personne.
Nayez aucunes inquiétudes, tout ce dont nous avons parlé restera entre nous, vous avez ma parole.
Elle lui posa amicalement la main sur lavant-bras.
Merci, je sais pouvoir compter sur votre discrétion.
Intentionnellement, Vanhéa nutilisa pas le cercle de téléportation. Elle préféra le tube de transport, qui lui laissait six minutes (le temps du trajet) pour trouver les mots qui lui permettraient dexpliquer à Keldan létrange découverte quelle avait fait et dont elle sétait ouverte à Silas.
Le tube simmobilisa à la hauteur de la section de commandement. Vanhéa descendit et parcourut à pied les cinquante mètres qui la séparaient des appartements du Commandeur. Une fois à lintérieur, elle voulut entamer la conversation, mais Keldan lapostropha avec brusquerie :
Que faisais-tu chez Bechlatt !?
Quest-ce que cette histoire de Droïdes ? répondit-elle, usant de la même brusquerie.
Un moyen pour te faire venir et te demander des explications ! continua-t-il.
Je serais venue de toute manière car il fallait que je te parle !
Alors ! poursuivit-il.
Si tu nest pas décidé à changer de ton, ce nest pas la peine que je reste !
Tu resteras ici jusqu'à ce que je tautorise à partir !
Comment oses-tu ?
Je te rappelle que Scienti est un rang bien plus élevé quAmiral !
Dans notre galaxie peut-être ! ( Il sétait levé de son siège furieux.) Mais nous ne sommes pas dans notre galaxie ! Je suis le Commandeur de ce vaisseau, ce qui fait de moi le maître à bord ! Alors techniciens de maintenance ou Scientis, vous êtes tous sous mon autorité ! Tâches de ten souvenir !
Cette dernière phrase la secoua plus quil ny paraissait et elle revint rapidement à de meilleurs sentiments.
Pardonne-moi, je
jaurais peut-être du te parler avant daller voir le Scienti Bechlatt
tu as du juger mon comportement ambigu nest-ce pas ?
Cest à toi de me pardonner. Il avait lui aussi retrouvé son calme. Je me suis fait des idées
je ne sais pas ce qui ma pris
Sapprochant de lui, elle lui caressa la joue et déposa un léger baiser sur ses lèvres.
Moi je sais. Dit-elle doucement. Tu es jaloux ! Ce défaut si spécifique aux humains. Tu as encore beaucoup à apprendre sur les Naudaliths.
Elle se serrait maintenant contre lui, ses lèvres à quelques centimètres des siennes. Elle continua dans un murmure :
Nous sommes un peuple très libéré sexuellement comme tu as eu loccasion de le constater
tu te rappelles quil ne ma pas fallu longtemps pour céder a tes avances
il protesta gentiment :
Eh ! cest toi qui ma fait des avances !
Peu importe, ce qui est important cest que le jour où une femme de Naudhal choisit celui dont elle portera lenfant
elle lui est fidèle à jamais
cest une règle immuable. Et
bien que je nai pas vraiment choisi
je tiens à la respecter.
Leurs lèvres sunirent à nouveau et tout le temps que dura ce baiser, une gamme de pensées contradictoires traversa lesprit de Keldan. Lorsquenfin leurs lèvres se séparèrent, il retourna sasseoir. Elle le rejoignit et sassit sur ses genoux un sourire malicieux au coin des lèvres.
Mais, si javais eu à choisir, il se peut que tu fusses lheureux élu
Cest un compliment que japprécie à sa juste valeur
ironisa-t-il.
Le sourire de Vanhéa disparut aussi vite quil était venu.
Que tarrive-t-il ?
Keldan
jai fait le test que tu mas demandé.
Et alors ? Le résultat ?
Il était
positif.
Je préfère ça
dit-il tout en appuyant sa tête contre la poitrine de Vanhéa qui fût surprise de cette remarque.
Tu
préfères
ça
! ? réussit-elle à articuler.
Oui
aussi surprenant que cela puisse paraître, je me suis fait à lidée de cette paternité et beaucoup plus vite que je ne laurais cru ! Il leva les yeux sur elle et vit que quelque chose nallait pas. Il linterrogea et elle hésita avant de répondre :
Keldan
il y a un problème
cest de ça dont jai discuté avec Bechlatt
Un problème ! mais
mais
de quel
de quel genre bredouilla-t-il.
Cétait la première fois quelle voyait un humain, qui plus est à hautes responsabilités, perdre sa contenance de la sorte et elle se dit quelle aussi, avait encore beaucoup à apprendre. Elle le serra contre elle.
Durant leur grossesse, les femmes Naudaliths développent une symbiose avec leur enfant, quelque chose dinfiniment plus fort que ce qui se produit entre la mère et lenfant humain. Te rappelles-tu des symptômes dont je tai parlé et que jai ressenti quelques heures après notre contact physique ?
Je men souviens.
Il sagissait du début de la symbiose. Tout au long de la grossesse, un contact lie le ftus à sa mère, elle sait à chaque instant comment va son enfant, ce quil ressent entre autres choses.
Et
que se passe-t-il avec celui que tu portes ?
Je
je ne suis plus en symbiose
Quoi ! ?
Jai dabord ressenti la même incrédulité que toi en ce moment, jai même paniqué. Alors, jai fait un prenatscan et ce que jai découvert ma à la fois rassurée et terrorisée.
Keldan voulut parler mais les mots restèrent en travers de sa gorge et avant quil nait pu prononcer un seul mot, Vanhéa continua :
Le résultat de lexamen a démontré que notre enfant était en parfaite santé. Jai alors tenté dentrer en symbiose mais toutes mes tentatives furent vaines. Puis, jai repensé à la théorie de Silas et je lai contacté. Oh ! Rassure-toi, je ne lui ai pas dit qui était le père, mais je voulais savoir sil existait un lien entre mon état et lendroit où nous sommes. Nous avons passé plus de deux heures à tenter de trouver une explication, malheureusement, sans résultats.
Peut-être est-ce le fait que je ne sois pas un naudalith ? hasarda-t-il ayant retrouvé sa contenance.
Non, il y a déjà eu des mélanges entre humains et naudaliths. Aucun rapport médical na jamais fait état de problèmes symbiotiques. Il sagit dautre chose
dit-elle dune voix tremblante. Oh ! Keldan, je ne sais plus où jen suis, jai déjà tellement de doutes. Suis-je vraiment amoureuse de toi ? poursuivit-elle, ou mon attirance pour toi nestelle purement que dordre physique ? Je narrive pas à répondre à ces questions.
Il aurait voulu lui dire que lui aussi se posait les mêmes questions mais il nen eut pas le loisir, lavertisseur de lholophone interrompant ce bref moment dintimité. Une voix synthétisée se fit entendre :
Message visuel sur votre moniteur plasmatronique, Amiral, du Major-Général Galhéone. Dois-je commuter ?
Un instant !
Vanhéa ayant compris quelle était de trop sétait déjà levée, prête à partir.
Je vais te laisser travailler. Cette journée a été épuisante, je vais rentrer et me coucher directement.
Attends ! Il voulut ajouter quelque chose mais ne trouva pas ses mots, il se contenta de la regarder et tout ce quil réussit a dire fût : Bonne nuit
Lorsquelle eu disparut à lintérieur du cercle de téléportation, Keldan maudit son moment de faiblesse, mais il neut pas le temps davoir des regrets, ses responsabilités se rappelant à son bon souvenir par lintermédiaire de lholophone.
Commutation !
Lécran salluma à nouveau et quatre visages y étaient affichés. Au-dessous de chacun deux, était inscrit en noir sur un fond vert clignotant, le nom de chaque pilote. La voix du Major-Général commentait cette image.
Voici comme convenu votre liste Monsieur. Le premier vous le connaissez, il sagit du Major Valkovir. Il tient absolument à participer. Jai essayé de len dissuader mais cest une vraie tête de shranks ! Le second ne vous est pas étranger non plus, il sagit du capitaine Dobrajewski. Je sais quil est normalement affecté à votre service, mais Krell a jugé ses capacités indispensables au vu des spécificités de la mission. Ils formeront léquipe principale. Celle de réserve sera composée du Lieutenant Neergs un aldurien, pilote remarquable, doué dune grande capacité dadaptation ainsi que du Lieutenant Daanaera, une zaanaxienne, pilote et astronavigatrice de grand talent. Voilà vos quatre volontaires, ils sont aux ordres. Si vous avez des questions à leur sujet, vous pouvez me contacter dans mes quartiers. Sinon, eh bien ! bonne nuit !
LAmiral Keldan navait aucune question à poser à Norto, ce choix lui inspirait confiance. Il avait, à demi-mot, demandé les meilleurs et ceux-ci étaient là, prêts à partir dés quil en donnerait lordre. Il désactiva tous les systèmes et se rendit dans sa chambre à coucher. La journée avait été riche en événements et il ne tarda pas à sombrer dans un profond sommeil, terrassé par la fatigue, sans se douter de la conversation qui avait lieu quelques blocs dhabitation plus loin.
La cabine 129 C était plongée dans lobscurité. Les contours dun humain se dessinaient à la faible lueur de lholophone activé. Aucun visage nétait visible, il nen sortait que du son.
Tout se déroule comme prévu ! disait la voix déformée artificiellement.
Ne craignez-vous pas que la situation actuelle pose problème ?
Elle ne fait que retarder linévitable ! LAtaraxia natteindra jamais Tanos.
Que faisons-nous pour le Commandeur ?
Je lui ai fait cadeau dune nouvelle préoccupation
il ninterférera pas dans nos desseins.
Et pour la navette, si jamais ils réussissaient
Elle ne reviendra pas !
Mais si jamais
Ne suis-je pas assez clair ? Elle ne reviendra pas
faites ce quil faut !
La communication fut interrompue. Lhomme retira la plaquette de crypto-brouillage que lui avait fait parvenir son mystérieux interlocuteur, la remit dans son petit étui de protection et la rangea soigneusement avant de quitter discrètement sa cabine. Il ne sabsenta pas plus dune demi-heure et rentra se coucher. Mais contrairement à Keldan, il eut du mal à trouver le sommeil.
26 juilla
La navette rectangulaire de neuf mètres de long pour quatre de large et trois de haut, dont le cockpit sétrécissait en forme de triangle vers lavant, reposait sur ses quatre étançons ventraux au milieu du pont C. elle avait été rebaptisée TARLAHK, ce qui signifiait « chance » en luniv, le langage universel. Du mince hublot, lui aussi rectangulaire, qui entourait le poste de pilotage, séchappait un fin trait de lumière qui permettait de distinguer les deux pilotes. Ils étaient installés aux commandes depuis quelques minutes déjà, dans lattente du décollage. Les deux officiers devisaient tranquillement, comme si la mission nétait que pure routine. Était-ce pour masquer leur angoisse ?
Alors, ça vous plaît dêtre le P.O du Commandeur ? ironisa Valkovir.
Ça laisse du temps libre, répondit Dobs le plus sérieusement du monde.
Vous savez que vous êtes la cible des quolibets de la part des autres pilotes !
Je le sais, mais ça ne me touche pas plus que ça.
Ah bon ?
Lorsque je dirigeais lescadrille ODIN, le jour où les gars ont appris que javais été désigné pour être le pilote officiel de lAmiral, jy ai eu droit durant presque quinze jours, alors vous voyez
Ouais ! Question dhabitude !
Un petit groupe était présent pour assister au décollage. Outre lAmiral, il était composé du Commandant Danwell, qui navait que modérément apprécié le fait que lAmiral ne lui parle pas de son plan, du Capitaine Bergman, de Kitara, dont la relation avec Dobs avait, à cette occasion, éclaté au grand jour, de lingénieur Agostolis, qui procédait encore quelques instants plus tôt à la vérification minutieuse de léquipement bio-métrique et du Scienti Tsahan, qui en plus dêtre en parfait désaccord avec la théorie de Silas, était lun des plus virulents opposants à lhypothèse de Valkovir. Celui-ci laperçut et donna un petit coup de coude à Dobs.
Regardez cette fripouille ! Il est venu vérifier de visu que cétait bien moi qui partais ! Il serait tellement content que je me plante
Allons, nexagérez-vous pas un peu ? Cest un Scienti tout de même !
Oh ! ils ne sont pas meilleurs que les autres, particulièrement lui. Ça le réjouirait de me voir échouer
Dobs allait répondre lorsquil aperçut Orimh Letka. Celui-ci se tenait très en retrait du groupe, juste à côté du turbolift, les bras croisés dans les larges manches de sa robe violette et il observait la scène avec attention. Remarquant que le Capitaine le regardait, il sengouffra promptement dans le lift et les portes coulissantes se refermèrent sur lui. En croisant le regard dOrimh, Dobs eut un mauvais pressentiment. Il ne savait pas pour quelle raison, y en avait-il une d'ailleurs ? Ce sentiment de malaise fut pourtant suffisamment perturbateur pour lui faire oublier la réponse quil voulait adresser au Major.
Bon Capitaine Dobrajewski, demandez-nous une autorisation de décollage, quon en finisse !
Avec plaisir Major
contrôle, ici navette Tarlahk, nous demandons le décollage.
Une voix dhomme se fit entendre :
Tarlahk ici contrôle, tous vos systèmes sont au vert, votre trajectoire est programmée et activée. Vous êtes autorisés à décoller.
Compris contrôle.
Une dernière chose : « Tarlahk Nassirtla » vous en aurez besoin !
« Tarlahk Nassirtla » : « Chance sur vous » hein ! Ce nest pas de chance dont nous avons besoin, ce serait plutôt dun bon médirobot, de préférence spécialisé en psychiatrie ! Car il faut être complètement siphonné pour accepter dêtre volontaire pour une mission pareille ! répondit Dobs.
Le contrôleur de vol ne sut que rétorquer et il bafouilla :
Euh
décollage Capitaine !
Dobs remarqua le visage inquiet de Kitara, il sadressa à elle par lintermédiaire du haut-parleur, ignorant le reste du groupe :
Allons, ma puce, fait pas cette tête, on se revoit dans quelques heures, jte lpromets !
Tous deux savaient que cétait une promesse quil nétait de loin pas sûr de pouvoir tenir. Ils échangèrent un regard qui en disait long, puis Dobs se détourna et ses yeux se fixèrent vers lembouchure du pont C.
Valkovir, les yeux également fixés sur la sortie, amorça la séquence de décollage. Grâce à leffet des anti-g, la navette séleva délicatement. À environ deux mètres du sol, ses étançons se rétractèrent et elle commença à glisser silencieusement vers lextrémité du pont C.
Siphonné hein !
Euh !
Cest une
une vieille expression terrienne qui veut dire
Pas la peine
je crois avoir saisi le sens de ce mot ! coupa Valkovir.
Le propulseur du petit astronef fut activé et ils séloignèrent rapidement de la baie dappontage.
Voilà, nous sommes en route, commenta Dobs. Contrôle, ici Tarlahk, on est parti ! Nous vous enverrons une holocarte souvenir quand nous serons à destination ! Bien que ce soit là toute la question : quelle est notre destination ? !
Vous ne vous répartissez jamais de votre humour on dirait, Capitaine !
Détrompez-vous, ça marrive
quelques fois !
Dites, vous savez ce que cest ça, dit Valkovir en pointant du doigt une maquette de lAtaraxia fixée sur un socle en plastique tout au fond de la navette.
Ah ! ça ! Cest un technicien de maintenance qui me la donné, il a dit que ça nous porterait chance.
Cest ça oui
Accessoirement, il a ajouté que cétait un gyroscope mécanique de son invention.
Un gyroscope mécanique ! ! sétonna Valkovir.
Oui, mécanique, sans une once délectronique, donc, daprès lui, insensible aux perturbations ! Et toujours daprès lui, si nous devons rebrousser chemin, il nous indiquera si nous sommes dans la bonne direction.
Et comment explique-til ça ?
Et bien
en fait ce nest pas très clair
mais je crois avoir compris que le gyroscope est indépendant de la navette, il est censé réagir au champ magnétique dégagé par notre vaisseau porteur, un peu comme une boussole
Une bouquoi ?
Une boussole, un astronav si vous préférez ! Vous navez donc pas un tant soit peu étudié lHistoire de la Terre ? Valkovir ne répondit pas. Ce qui veut dire que lorsquil nous montre larrière de la maquette, le vaisseau mère est derrière nous, et quand il nous montre la maquette de face, cest que lAtaraxia est devant nous. Pour imager, je dirais que nous tournons autour du gyroscope.
Pour imager hein ! Vous croyez que ça marche ?
Rien de tel quun petit test, vous ne trouvez pas ?
Alors testons ! Je désactive lordinateur de vol et je passe en manuel
À bord de lAtaraxia, la surprise fut totale ! Le contrôleur chargé de surveiller le vol fut pris au dépourvu :
Amiral, je ne sais pas ce qui se passe, lordinateur de vol de la navette ne répond plus et ils font demi-tour !
Keldan le regarda incrédule. Interrogez-les !
Oui monsieur. Tarlahk, ici contrôle Ataraxia, que se passe-t-il ? Votre ordinateur de vol est désactivé et vous revenez sur nous. Avez-vous une avarie à signaler ?
Négatif, tout va bien ! (La voix de Valkovir résonnait dans tout le poste central.) Nous
nous procédons seulement à un petit test
euh ! nous allons nous réaligner et poursuivre notre route dans quelques instants
Il stoppa le visaudio et demanda, la voix remplie dexcitation :
Alors Dobs
?
Voyez vous-même
Norchtass ! ce type est un vrai génie ! Qu'est-ce quil fiche à la maintenance ?
Je ne peux vous répondre.
Pourquoi nos ingénieurs ny ont-ils pas pensé ?
Ah ! à ça, je peux répondre : Nos ingénieurs ne pensent pas ! Ce sont les ordinateurs qui pensent pour eux !
Réponse pertinente ! Vous croyez que ce gars a parlé de son idée à un supérieur ?
Oh ! Certainement, mais il a dû lui rire au nez, ce qui a décidé ce type à agir de son propre chef
pour notre plus grand bien je crois, compléta Valkovir.
Essai concluant Major. Si vous le permettez, je vais nous remettre sur le droit chemin !
Une fois lordinateur de vol réactivé, il ne fallut quun instant au petit vaisseau pour se retrouver sur la bonne trajectoire.
Le petit astronef filait maintenant à vive allure. Valkovir pianotait sur les touches senseurs de la console de pilotage, achevant dintroduire les dernières corrections de cap dans lanalyseur de vol. Dobs augmenta la puissance des propulseurs pour atteindre disto 4.
Voilà Major, vitesse de croisière atteinte dans vingt secondes, alarme destination activée, ce qui nous laisse
il regarda le chronodex du tableau de bord : 3 heures 47 minutes avant la décélération en dessous de la vitesse luminique
vous avez un jeu de carte ! ?
Non, désolé ! Quelle distance de sécurité avez-vous choisie ?
Dobs fit semblant dêtre effrayé :
Bon sang ! si lespace ne nous tue pas, cest lennui qui sen chargera !
Puis redevenant officier des Centuries : 80 millions de kilomètres avant le point « saphir », ce qui nous donnera suffisamment de temps pour parer à toutes éventualités
du moins
je lespère
Défaitiste Capitaine ?
Moi ! jamais Major !
Tant mieux ! Que donne le signal de relèvement ?
LER fonctionne parfaitement, aucune perturbation à signaler.
La première heure de vol se déroula de façon routinière : Contrôles réguliers du cap et de la vitesse, du signal de relèvement et des systèmes de survie. A lentame de la deuxième heure, Dobs posa une question qui surprit passablement Valkovir :
Vous avez aperçu le lokirien sur le pont denvol ?
Oui, je lai vu en effet.
Son attitude ne vous a t-elle pas paru pour le moins étrange ?
Vous faites sans doute allusion au fait quil se tenait très en retrait des autres.
Cest ça. Mais il y a autre chose, une chose dans son comportement que je ne saurais définir
Je ny vois rien danormal, il est bien connu que les lokiriens sont des êtres solitaires, qui ne se mêlent que rarement des affaires dautrui. Ce qui est encore plus vrai lorsquil sagit dun Grand Prêtre.
Orimh est un Grand Prêtre !
Vous lignoriez ?
En effet
je
je lignorais. Cette révélation eut pour effet de renforcer son malaise, mais il sefforça de se concentrer sur la mission :
Encore une heure cinquante-six avant lalarme destination.
Kitara reposa sa fourchette sur le bord de son assiette, elle navait pour ainsi dire pas touché à son repas.
Tu nas pas faim ? sétonna Vanhéa.
Elle avait tellement lhabitude de voir Kitara ne rien laisser dans son assiette et cela même dans les pires situations quelle en fut déconcertée.
Jai peur quil ne revienne pas
Serais-tu amoureuse ?
Je préfère dire que nous nous entendons bien, il me fait rire et je me sens bien avec lui. Répondit-elle un peu gênée.
Un tel comportement, alors quelle était dordinaire si extravertie, ne pouvait signifier quune chose. Et bien quelle peinait à ladmettre, Kitara était très amoureuse.
Ne pas avoir de nouvelles ! Rester dans lignorance ! Cest insupportable !
Elle était sur le point de craquer.
Calme-toi, il ny a que trois heures quils sont partis, ils reçoivent encore le signal, pour le moment leur vol cest de la routine !
Désolée mais là, jangoisse !
Si tu veux, je peux marranger pour que tu aies accès à la passerelle de commandement.
Cest strictement interdit ! Seul le Commandeur et son état-major ont le droit de sy trouver !
Tu sembles oublier que je suis très intime avec le Commandeur
il ne me refusera pas cette petite faveur
Kitara esquissa un sourire. Vingt minutes plus tard, les deux spécialistes en cybernétique se retrouvaient sur la passerelle. Elle furent impressionnées par la taille du poste central, cétait la première fois quelles accédaient au saint des saints. Ce qui les impressionna le plus fut sans conteste le silence qui régnait en ces lieux. Elles sattendaient à une activité beaucoup plus importante et à un brouhaha de communications en tout genre. Puis elles se rappelèrent quil ny avait personne avec qui communiquer dans ce secteur de lespace, excepté Tarlahk !
Keldan prévenant sétait levé de son fauteuil et avait cédé sa place à Kitara. Il en avait profité pour se rapprocher de Vanhéa qui se tenait à la barrière. La Terre navait beau être quun nom sur les holoscribes dhistoire, cela navait pas empêché dantiques traditions de resurgir et de perdurer, la galanterie était lune delle.
Tarlahk, ici contrôle Ataraxia, nous avons relevé une baisse de puissance de votre émetteur durant quinze secondes, pouvez-vous confirmer ?
Oui, nous aussi nous lavons remarqué. (cétait la voix de Dobs.)
À quoi attribuez-vous cette baisse de puissance ? Nous navons pas pût lidentifier.
Bah ! Cest sûrement le générateur de lhyperemetteur qui fait des siennes, pas de quoi se tourmenter ! Tout va bien !
À ce moment Keldan intervint :
Capitaine, jai une petite surprise pour vous.
Oh ! jadore les cadeaux ! Quest-ce que cest ?
Il y a ici une personne qui voudrait vous parler.
À moi ! Je suis donc célèbre à ce point !
Keldan sortit son comcasque du logement dans lequel il était rangé et le tendit à Kitara.
Tenez, je men sers pour communiquer en privé sur une fréquence réservée.
Elle le mit sur sa tête, régla les petits écouteurs et le micro à sa convenance et fit un petit signe comme quoi elle était prête à parler.
Contrôle communications, désactivez le visaudio principal et passez sur ma fréquence.
À vos ordres. Tarlahk, passez sur fréquence rouge, je répète, passez sur fréquence rouge.
Comme ça, personne nentendra ce quils se diront. Déclara Keldan a ladresse de la Scienti.
Pourquoi tant de sollicitude ?
Jenvoie lhomme quelle aime à une mort quasi certaine, cest la moindre des choses
tu ne trouves pas ? lui glissa-t-il à loreille.
Le visage du Capitaine apparut sur le moniteur de la console de commandement.
Dobs
Kitty ! ! ! Mais
Oups, ça devient personnel ! Je vais voir au fond de la navette si jy suis ! Déclara Valkovir en désactivant son harnais de sécurité. Il saccroupit tout près de la maquette pour en observer les détails. Il nosait pas la toucher de peur de dérégler cette précieuse mécanique. Pourtant, plus il lobservait et plus quelque chose le dérangeait, mais il était incapable de dire quoi.
Kitty, comment as-tu fait pour te retrouver sur la passerelle ? !
Et tu ne sais pas où je suis assise en ce moment ! ils parlaient tous les deux à voix basse, de peur dêtre entendus.
Ça je nen sais rien.
Dans le fauteuil de commandement !
Mais cest
Dobs
linterrompit-elle, à nouveau sérieuse.
Qu'est-ce quil y a ma puce ?
Ne commets pas dimprudences surtout. Pour une fois, soit sérieux je ten prie
jai trop besoin de toi, de ta présence, si jamais
(elle cherchait ses mots) je voulais que tu saches que mon cur taccompagne
Et il me portera chance ! termina-t-il la voix empreinte démotion. Tinquiètes pas ma puce ! Ton Dobs ne se fera pas avoir, il est malin tu sais ! Maintenant, il va falloir que je te laisse, nous allons bientôt arriver à la distance de sécurité et je dois moccuper de plusieurs choses. Il lui adressa un baiser de la main.
Elle posa la sienne sur le moniteur comme pour caresser le visage qui sy affichait.
Je taime Capitaine Dobrajewski murmura-t-elle.
Il coupa la communication et ajouta pour lui-même : Moi aussi je taime
Remarquant que lentretien était terminé, Valkovir regagna son siège. Voyant la mine défaite de Dobs, il ne put sempêcher dexprimer le fond de sa pensée espérant un résultat positif :
Alors ça cest incroyable ! Le Capitaine Dobrajewski, Dobs le Tombeur, ensorcelé par une roboticienne ! Ah non ça je nen reviens pas !
Oh ! ça va ! On a du pain sur la planche !
Du quoi ?
Ah ! laissez tomber, vous êtes décidément trop inculte ! On a du boulot quoi !
Cétait gagné ! En vérité, Val savait parfaitement ce que signifiait « avoir du pain sur la planche. »
Kitara avait enlevé le comcasque et avait rendu son siège à Keldan.
Merci de cette faveur Amiral. Dit-elle, sincèrement reconnaissante.
Cest peu de chose.
Pour moi, cétait important.
À présent, je voudrais que vous quittiez la passerelle sil vous plaît, la suite risque de vous être beaucoup moins agréable.
Jaimerais rester si ça ne vous dérange pas
Vous savez ce qui va ce passer ! répondit Keldan visiblement embarrassé. Ils vont disparaître de nos écrans dans quelques minutes.
Laissez-moi au moins rester jusque-là.
Il poussa un long soupir et finalement accepta la présence de la roboticienne.
Cest daccord
mais seulement jusquà ce que nous perdions le signal, audelà, je ne pourrais vous autoriser a demeurer dans le poste central.
Je comprends.
Monsieur, ils commencent leur décélération, ils seront au point « saphir » dans cinq minutes.
Continuez de les suivre le plus loin possible.
En couplant certains systèmes nous avons gagné quinze pour cent de puissance en réception. Nous avons trois minutes de suivis supplémentaires par rapport aux sondes Nova.
Keldan était très satisfait des efforts fournis par les techniciens pour glaner ces cent quatre-vingts secondes de signal et il ne se gêna pas de leur le faire savoir :
Excellent travail messieurs ! Dans la situation actuelle cest un exploit !
Nous navons fait que notre travail Monsieur, répondit modestement le technicien responsable.
Non, vous avez fait beaucoup plus que cela
réactivez le visaudio principal.
Le son et limage en provenance de la navette remplirent à nouveau lécran géant. Dobs signalait a linstant la décélération à Valkovir, alors que lavertisseur strident de lalarme destination retentissait :
Nous allons passer en inférieure 1 dans dix-huit secondes.
Bien, le cap est toujours bon, les systèmes sont OK. Encore combien de temps avant la perte totale du relèvement ?
Deux minutes vingt-sept secondes.
Vous passerez en inférieure 2 à mon signal ! Et désactivez-moi cette saloperie dalarme destination ! ce bruit est insupportable !
Dobs sexécuta et le silence revint à lintérieur du petit poste de pilotage.
Voilà qui est mieux ! Je bascule deux tiers de puissance aux boucliers déflecteurs avant. On ne sait jamais sur quoi on va tomber !
Ou sur qui