15/11/2003 - Georges Viguier
Chaüaki - Chapitre 9

— Taar, vite, réveille-toi, Yémok a disparu.

Nahuatina avait bondi hors de la cache.

— Taar, vite, vite, le petit il est… oh ! Par les Dieux des montagnes couvertes de neige, c'est horrible !

Prisonnier dans un cocon de soie, Yémok avait été traîné sur quelques dizaines de mètres, trois énormes araignées noires et velues l'entraînaient vers leur nid. Ni Taar, ni Nahuatina ne savaient vraiment ce qu'il fallait faire. Taar prit son arc et décocha une première flèche une autre puis encore une autre. Rien ne semblait les arrêter, les monstres continuaient leur route en tirant leur proie. N'écoutant que son courage, Nahuatina s'était approchée des créatures monstrueuses, puis, rassemblant tout son courage, elle souleva une bête et la retourna sur le dos.
À sa grande surprise, l'arthropode semblait ne plus pouvoir se redresser. Très vite, Taar imita Nahuatina. Les autres bêtes subirent le même sort et toutes brassèrent vainement l'air de leurs pattes velues. Ils essayèrent de libérer Yémok. Les fils de soie étaient si solides qu'ils n'y parvinrent pas immédiatement. Taar tira son couteau et coupa le cocon. Le petit était inanimé.

— Dépêche-toi Taar. Vite, d'autres saletés bêtes nous arrivent dessus.

Deux, trois puis quatre flèches partirent. Deux atteignirent leur objectif. Nahuatina avait pris l'enfant dans ses bras, Taar protégeait leur fuite. Après une course folle, ils ralentirent leur course et se cachèrent dans un buisson.

— Regarde Taar, on les a semés !
— Ne traînons pas ici, c'est infesté de ces monstres.

L'enfant était inerte, sa respiration faible. Nahuatina le sentait glacé. Elle savait d'instinct que si rien n'était fait immédiatement, le petit allait mourir. Taar se pencha vers le petit garçon, vit un gros trou sur son abdomen. En pressant sur le ventre, des centaines de minuscules araignées sortirent de la plaie. Nahuatina était écœurée mais il fallait le sauver. Une sorte de liquide verdâtre sortit, puis le sang s'écoula. Taar nettoya la plaie avec un peu d'eau, y plaça une sorte de pâte argileuse qu'il avait toujours en sa possession.

— Je ne sais pas s'il guérira mais nous n'avons pas d'autre choix. Repartons.

La progression n'était pas facile et Taar ne savait pas vraiment où ils se dirigeaient. Il grimpa en haut d'un grand arbre. Il ne put se repérer tant la cime était noyée dans la brume. Redescendu à terre, il chercha Nahuatina et le petit. Ils avaient disparu. Taar était terrifié à l'idée de les avoir laissés un instant. Il sentit une respiration dans son dos quelqu'un lui tapait sur l'épaule. C'était Nahuatina.

— Taar, l'enfant semble aller un peu mieux. Il s'est réveillé, il a faim.
— Faisons une pause et mangeons, j'ai quelques fruits secs. Nous repartirons au soleil couchant. Nous grimperons au sommet d'un grand arbre et nous y passerons la nuit.

La nuit avait été rude, mille et un obstacles avaient ralenti leur marche. À l'aube, ils s'installèrent très inconfortablement sur une large branche. Après un long moment de veille, ils finirent par s'endormir.

Nahuatina se réveilla brusquement.

— Taar, vite réveille-toi, la brume s'est dissipée. Je peux voir Chaüaki. Je pourrais presque toucher ses remparts. Nous sommes sauvés, nous sommes sauvés ! Vite, réveille-toi.

Taar retrouva ses esprits, bailla et s'étira en claquant la langue.

— Attention ! Les Khâhouaky sont sur nos traces ; personne ne pourra nous aider. Il va falloir entrer dans la cité sans nous faire prendre. Nous avons deux ennemis à vaincre, les Khâhouaky et mon frère Bakhar.

— Si nous appelions au secours et demandions de l'aide ?
— C'est impossible. Nous serions immédiatement repérés par les Khâhouaky et nous ne pourrions pas compter sur les gens de la cité qui nous prendraient pour des morts ou des démons. Non, j'ai une meilleure idée. Nous allons nous rapprocher le plus près possible de la trappe, attendre qu'elle s'ouvre et nous y faufiler.
— Comment ouvrira-t-on cette lourde trappe ?
— C'est simple. Je vais allumer un feu. Un enfant sera sacrifié et jeté hors de l'enceinte. C'est à ce moment là que nous entrerons en force.

Ils se mirent en route avec mille précautions et approchèrent au plus près la cité. Dégagée de toute végétation, une large bande de terre séparait la lisière et les murs d'enceinte. C'était une zone découverte qu'il faudrait franchir le plus vite possible. Taar s'éloigna un long moment puis revint trouver Nahuatina et le petit.

— J'ai allumé un feu à quelques centaines de mètres de notre cachette. Maintenant, il faut attendre et prier la clémence des dieux pour que notre plan fonctionne.


Réagir à ce texte (e-mail à l'auteur) :
Prénom (obligatoire) :
Nom (obligatoire) :
E-Mail (obligatoire) :
Votre commentaire :

      


http://www.babelweb.be • Babelweb © 2001 - 2013 tous droits réservés