21/11/2002 - Chahrazed Labiod
Retrouvailles
PROLOGUE
Combien de temps faut-il attendre pour comprendre une vie ? La sienne ! Est-ce qu'avec les mois qui passent, lêtre humain change ? Je ne fais pas allusion à l'aspect extérieur que l'on nomme le physique mais au « Moi » profond d'une personne.
Ce « Moi » de l'enfant qui traverse plusieurs étapes pour devenir celui de l'adolescent, de la personne mûre et enfin sénile. Se métamorphose-t-il ? Je crois tout simplement qu'il évolue de manière différente selon lêtre humain à qui il appartient. Le temps m'apprit qu'un enfant était un petit adulte, qu'un adulte était un grand enfant en puissance et que le vieillard était comme un fruit trop mûr qui sera cueilli par la chose sans forme, linvisible sournoise, sombre, sombre de noir, comme un trou puant et rébarbatif. Elle est la délivrance qui libère « lêtre » ou « le moi » de sa prison de chair, écroulée, assénée par les coups successifs de lexistence.
INTRODUCTION
Lina était pensive. Confortablement adossée contre le siège de la voiture, elle regardait à travers la vitre quelle avait pris soin de fermer complètement.
« Brrr ! Brrr ! » se disait-elle. Il faisait froid. Malgré lair glacé, la nuit était claire. Aucune brume nentravait son champ de vision. Lallure du véhicule était telle que Lina pouvait plonger dans une rêverie sans lappréhension dun accident quelconque. Cétait un voyage vers une destination quelle aurait voulu imaginer, autre que celle de la réalité. Les poteaux longeant la route, projetaient de la lumière qui aux antipodes dune nuit obscure, laidaient à voir un peu du décor quils traversaient. Ce dernier paraissait presque irréel et plein de mystère.
Parfois, surgissaient des ombres, celles des arbres, dun tracteur garé à proximité dune ferme délabrée de lépoque coloniale, celles des maisons, tapis dans cette nuit profonde ainsi que les ombres que lon devinait par instinct, mais que lon ne voyait guère. Probablement ! Celles des gens qui dormaient paisiblement, bercés par des rêves. Les ombres de leurs esprits se détachaient peut être momentanément deux-mêmes pour flotter dans un espace que leurs corps ne sauraient limiter. Il y a avait aussi celles qui quittaient des êtres à tout jamais, survolant, dans les ténèbres, vers un lieu inconnu, une destination imaginaire où rejaillirait une puissante lumière pleine de magie. Il lui suffisait doublier quelle était dans un engin mobile pour quelle se laissa sans crainte sombrer dans ses souvenirs les plus vifs.
Quelles réminiscences allait-elle extirper du temps vécu ?
Elle ne voyait plus rien, elle nentendait plus rien, ni le ronronnement du moteur, ni les coups daccélération que donnait parfois le chauffeur à son bolide. Elle ne sapercevait même pas que le véhicule sarrêtait devant un panneau indiquant le stop ou à proximité dun passage à niveau, laissant un train filer rapidement dans une course folle. Lina était en proie à ses souvenirs. Ils lancinaient dans son cur en une indicible douleur. Sil y en avait de beaux, de pénibles souvenirs lassaillaient aussi. Devait-elle trier les meilleurs ou laisser affluer pèle-mêle des tas dimages avec pour chacune delles de lémotion ?
Réagir à ce texte (e-mail à l'auteur) :
|